Sortie d’école
Où allaient-ils – s’ils allaient seulement quelque part ? Ont-ils cheminé en bavardant ou en silence ? Lequel, le premier, voyant que la porte était ouverte, aura dit aux autres : « Venez ! » ? À moins qu’un seul regard ait suffi et que la bonne idée ait accosté sans bruit au perron de l’école, la coque et les voiles gonflées, laissant couler la passerelle de bois en irradiant de silence.

Le 17 janvier dernier, à midi, trois enfants de l’école maternelle de la rue Balard, dans le 15e arrondissement, franchirent l’énorme porte bleue taillée dans la façade en briques et sortirent dans la rue, prenant la direction du soleil. Cela, je m’en rends compte en venant en reconnaissance un jour de mars où celui-ci me tape dans la figure alors que ce 17 janvier, la météo m’indique qu’il faisait moche, la couverture blanche jetée du ciel, imprégnant tout, dont Paris a le secret, et il faisait froid, quatre degrés Celsius, un temps à moufles et à bonnets.
Aux parents qui perdent un enfant sur la plage, il est conseillé de le chercher ombre devant soi et dos au soleil cependant, en cette journée d’hiver, le ciel brouillé ouvre l’horizon aux quatre points cardinaux. Les protagonistes (« bambins », « tout-petits » ou « bouts de choux » selon les sources) sont âgés de quatre ans. Ils sont en moyenne section de maternelle, c’est l’heure où l’on attend dans la cour de récréation ou dans le hall d’être appelés pour la cantine mais lorgnant la porte, ils s’aperçoivent qu’elle est ouverte. Ils sortent. Filant vers le sud, ils passent en ignorant les fast-foods, les comptoirs de falafels, sushis et pizza de cette rue commerçante où des dizaines d’adultes commencent à affluer et les croisent sans les voir. Ils traversent la forêt de colonnes noircies qui supportent les anciens rails de la petite ceinture, laissant derrière eux ses ogives de briques rouges. Ils passent ensuite sous le périphérique, au travers de pylônes verts sous une voute pleine d’échos. Ils passent devant une st