Vers une éthique du design sonore à l’hôpital ?
L’hôpital est un espace médical et social où patients, personnels soignants, administratifs, techniques, d’entretien et entourage des patients font l’épreuve, chacun de manière singulière, de la maladie dans ses processus de guérison, de rémission, de rechute ou de mort.

Chacun y vit la précarité de nos existences en son sens le plus philosophique. La précarité c’est le provisoire, ce qui est soumis au passage du temps, ce qui est voué au mouvement, à la transformation et à la disparition. À ce titre, elle définit et structure notre mode d’existence en tant qu’êtres vivants. En raison de cette précarité, nos vies et nos situations de vie sont animées par un fort coefficient d’incertitude : on ne sait pas combien de temps cela va durer, quand cela va terminer, ni comment tout cela va se passer. Aussi nos existences sont-elles toujours inquiètes car suspendues au risque de leur effondrement, de leur effacement, mais aussi de leur renouvellement. C’est précisément cette précarité ontologique et existentielle qui est vécue en contexte hospitalier de façon intense et consciente.
À l’hôpital, cette précarité se manifeste concrètement, parmi d’autres possibles, au travers des sons et des silences. Voix et musiques des bureaux d’accueil, sonneries des appareils techniques, alarmes, portes qui s’ouvrent et qui se ferment, roues des chariots-repas et des brancards, cliquetis de vaisselles, bruits de pas et de béquilles, actes médicaux et chirurgicaux, soulèvement et retombée des draps, radio, téléviseurs, gémissements, appels, cris, pleurs et rires sont autant de signes et de signifiants qui évoquent, au-delà des sons qu’ils émettent et des signaux qu’ils envoient, cette dimension précaire de la condition humaine. C’est pourquoi, comprendre les divers usages de ces sons d’origine humaine ou technique, c’est en même temps accéder aux différentes façons que nous avons de nous rapporter à la maladie en milieu hospitalier, et cela quelle que soit la place que nous occup