Faire durer le monde
Le développement durable se résume essentiellement aujourd’hui à l’économie environnementale. Celle-ci vise surtout à montrer que les problèmes écologiques découlent de ce que les lois du marché ne sont pas assez respectées, et que le système des prix à partir du moment où il intègre tous les coûts et en particulier les coûts environnementaux suffit à optimiser la production et l’allocation de ses moyens. À ce titre, cette branche de l’économie ne constitue nullement une critique des principes de l’économie néo-classique, critique pourtant nécessaire pour assurer la durabilité du développement. Sous cette forme, le développement durable est la réponse privilégiée que l’entreprise et les administrations publiques donnent aux problèmes écologiques.

Le développement durable n‘est donc pas dénué de paradoxe puisqu’il prétend résoudre les problèmes en renforçant le système même qui les produit. Mais le paradoxe est insoutenable. Les résultats sont absents ! Le système des quotas d’émission des gaz à effet de serre n’a aucun impact sur la réduction des émissions carbone ; l’utilisation des pesticides ne cesse de progresser, etc. Les calculs très raffinés d’optimisation des prix en fonction des impacts environnementaux ne sont pas efficaces. L’idée techno-solutionniste selon laquelle la hausse des coûts de production sous l’effet des taxes ou du marché carbone doit favoriser l’investissement technologique en vue de diminuer l’impact environnemental de notre système productif n’est pas avérée. L’économie environnementale, sous sa forme néo-classique, est inopérante.
Si la notion de développement durable sous cette forme est insatisfaisante, il importe cependant de ne pas mépriser la question fondamentale de la durabilité. Qu’est-ce qu’un système économique durable placé sous le couvert du temps au service de la construction de la durée ? Telle est la question préjudicielle de toute économie vraiment environnementale. Mais que signifie penser la durabilité en écono