Numérique

Sortir du paradigme de la copie

Artiste, Professeur en études cinématographiques

L’accord présenté le 9 décembre comme premier pas d’un AI Act à l’échelle européenne fait fausse route en considérant les produits de l’imagination numérique comme des copies. Les nouveaux outils dont nous disposons pour créer des images grâce à l’intelligence artificielle portent des potentiels créatifs bien supérieurs et bien plus intéressants. Ce n’est qu’en comprenant mieux les nouvelles voies ouvertes pour la création numérique qu’un texte régulateur pourra s’avérer satisfaisant.

Interdiction de toute une série d’applications des systèmes de reconnaissance faciale et de catégorisation biométrique, obligations strictes pour les systèmes d’IA classés comme présentant un risque élevé par rapport aux droits fondamentaux, garde-fous pour les systèmes généraux d’intelligence artificielle, transparence des datasets utilisés pour l’entraînement des modèles, respect des droits d’auteurs…

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L’« accord provisoire sur la législation sur l’intelligence artificielle » qui a été présenté le 9 décembre 2023 comme une étape fondamentale vers un AI Act de l’Union européenne contient toute une série de mesures qui s’appliquent aux deux grands axes selon lesquels les technologies dites d’« intelligence artificielle » se sont développées au cours des dernières années.

D’un côté, l’IA « analytique », un système de détection, reconnaissance, classification, et donc de contrôle, surveillance et prédiction. De l’autre, l’IA « générative », un ensemble de modèles capables, après avoir été entraînés avec de vastes ensembles de donnés, de générer d’autres données, sous la forme de textes, images fixes et en mouvement, sons, musique, et, dans un futur proche, des combinaisons de plus en plus complexes de tous ces éléments. On peut appeler ces deux grands axes « perception artificielle » et « imagination artificielle » : automation algorithmique de la capacité de percevoir et de la capacité d’imaginer, c’est-à-dire, de produire de nouveaux objets sensibles sur la base d’expériences sensibles antérieures. Ce qui nous intéresse, dans les deux cas, est exactement ce rapport avec ce qui était déjà là, et les catégories selon lesquelles il faut le penser.

Le problème posé par les perceptions artificielles est celui de la préservation de l’intégrité de l’individu suspendue à la crainte de voir la politique planifiée par des statistiques anticipatrices qui ne feraient jamais que reproduire le déjà connu nous enfermant dans une boucle de contrôle sans fin. Le danger est


Gregory Chatonsky

Artiste, Enseignant au sein de l'EUR Artec

Antonio Somaini

Professeur en études cinématographiques, Professeur à l\'Universté Sorbonne Nouvelle