Pour l’indépendance réelle de l’audiovisuel public
La récente mise à pied de Guillaume Meurice par la direction de Radio France, ainsi que la suppression annoncée de certaines chroniques de reportages, telles que certaines chroniques de la Tête au Carré ou les reportages sur l’actualité des luttes et mobilisations sociales « C’est bientôt demain », d’Antoine Chao a relancé le débat sur la gestion politique de la grille des programmes de Radio France.

Cette énième crise de gouvernance, au moment où l’exécutif et la majorité qui le soutiennent présentent à l’Assemblée leur projet de loi, qui doit réformer, une fois de plus, l’audiovisuel public, se traduit par la contestation par les journalistes et les personnels, des choix éditoriaux faits par la direction, accusée de censurer les voix dissidentes au pouvoir politique en place.
Cette crise est le reflet de problèmes qui ne sont pas seulement conjoncturels mais surtout structurels : elle est symptomatique du fait que le pouvoir politique est incapable de couper le cordon ombilical qui le relie au service public audiovisuel depuis sa création, et ce malgré une dizaine de réformes législatives visant, officiellement, à remédier au péché originel de l’audiovisuel public.
Pour comprendre la crise que traverse Radio France, il est donc utile d’analyser l’histoire de la gouvernance de l’audiovisuel public. La création d’une autorité administrative indépendante en 1982 (la Haute autorité, remplacée en 1986 par la Commission Nationale de la Communication et des Libertés, elle-même remplacée en 1989 par le CSA) semble représenter une rupture vis-à-vis de l’ORTF, fortement liée au pouvoir gaulliste et dans lequel le contrôle de l’information se faisait presque officiellement. La nomination du Président des Sociétés par l’autorité indépendante représente incontestablement un progrès, mais un progrès très relatif du fait de la politisation de l’autorité de régulation elle-même et des pressions diffuses par le pouvoir politique.
Olivier Schramek a ainsi récemment admis