Politique

Les fonctionnaires doivent-ils démissionner ?

Haut fonctionnaire

Si la haute fonction publique fait preuve d’une docilité excessive demain, vis-à-vis d’un éventuel gouvernement du Rassemblement national, il ne faudra pas seulement incriminer l’autoritarisme du parti d’extrême droite, mais le résultat d’un travail continu de domestication conduit par le pouvoir exécutif, particulièrement depuis 2017.

L’attitude des fonctionnaires en cas de victoire du Rassemblement national dans le prochain scrutin législatif dès 30 juin et 7 juillet, fait l’objet de débats depuis quelques jours. Certains dénoncent par avance le manque de courage supposé des fonctionnaires qui accepteront de continuer à travailler alors que Jordan Bardella occupera l’hôtel Matignon ; d’autres agitent au contraire la menace d’une démission massive des hauts fonctionnaires qui laisserait le Rassemblement national sans cadres pour faire fonctionner l’appareil d’État.

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Il y a fonctionnaire et fonctionnaire…

5,6 millions d’agents publics travaillent dans les administrations de l’État, des collectivités territoriales et les services de santé du pays. On suppose que personne ne demande que tous ces agents publics, fonctionnaires et contractuels, dont le travail est indispensable à la vie du pays, abandonnent leur poste au motif d’un changement de Premier ministre. La majorité d’entre nous souhaite sans doute qu’ils poursuivent leur travail dans les services publics dont nous avons tant besoin, malgré le manque de moyens et la difficulté croissante rencontrée par les usagers pour y accéder.

La discussion porte donc sur quelques centaines de fonctionnaires de l’administration de l’État dont la nomination résulte d’une décision du président de la République et des membres du gouvernement. Ces emplois supérieurs de l’administration sont dits « à la discrétion du gouvernement ». Il s’agit notamment des emplois de secrétaires généraux et directeurs d’administration centrale dans les ministères, des préfets, des ambassadeurs, des recteurs, des présidents et directeurs généraux d’établissements publics, d’entreprises publiques et de sociétés nationales, des conseillers d’État, magistrats de la Cour des comptes, etc. L’exécutif est libre de choisir qui il veut nommer pour occuper ces postes ; il peut s’agir de fonctionnaires ou de non-fonctionnaires. Le gouvernement peut à tout moment mettre fin à leur


Jean-François Collin

Haut fonctionnaire