Politique

Aiôn et Kairos, les autres temps de la politique

Politiste, Chercheur en gestion

Européennes, législatives anticipées, municipales, présidentielles, législatives… Cette incessante succession transforme chaque mandat politique en une campagne effrénée pour les élections suivantes, faisant primer le temps quantifiable, le chronos, sur le temps opportun, le kairos, et le temps long, l’aiôn, pourtant plus propices à opérer les grandes transitions du XXIe siècle.

Il y a trois mois, la dissolution de l’Assemblée nationale interrompt le mandat des députés élus et stoppe brutalement le travail parlementaire. Tout s’accélère. S’ensuit une campagne éclair qui installe une nouvelle Assemblée dépourvue de majorité. Tout se fige. Par la seule volonté du président, deux longs mois s’étirent avant qu’il ne nomme un nouveau Premier ministre.

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Aussi inattendue qu’inopportune, la décision du président de la République installe une spirale où le temps politique s’arrête, repart, s’étire et se contracte à un rythme effréné. La succession désordonnée de temps politiques si différents n’est pourtant pas si extravagante. Le rythme ordinaire du mandat électoral cache d’autres temps politiques, moins immédiatement perceptibles, mais qui rythment tout autant la vie politique. C’est aussi ce que met en lumière la publication des bilans de mi-mandat des équipes municipales élues en 2020.

Même publié aux trois quarts du mandat, ce bilan constitue un moment charnière : trois années de mandat qui ont défilé à grande vitesse et annoncent déjà les derniers temps du mandat. Des projets sont lancés, d’autres déjà réalisés. Les oppositions, dans cette dynamique politique nationale tendue, ne sont pas en reste. Elles rappellent comment elles ont su contraindre la majorité à accélérer sur des dossiers jugés stagnants, tout en inscrivant leurs actions dans un cadre plus large, influencé par les réajustements politiques nationaux.

Mais quel est donc ce temps politique auquel tous semblent suspendus, que ce soit au niveau local comme national ? C’est évidemment et d’abord le temps de la mandature, celui où se conçoivent et se concrétisent des réalisations qui devront être visibles à la fin du mandat. Partisans et opposants seront tentés de le comparer au temps de la campagne électorale, où promesses et engagements ont dominé. Dans une logique de développement territorial, ils pourraient aussi vouloir l’inscrire dans une temporalité plus longue, qui dé


Fabrice Hamelin

Politiste, Maitre de conférences HDR en science politique, université Paris-Est Créteil (UPEC)

Olivier Meier

Chercheur en gestion , Professeur des Universités et Directeur de l’Observatoire ASAP (Action Sociétale et Action Publique)

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IA