Politique

Golo, Ritchie, DJ Mehdi et la politique française

Enseignant

Le tour de France de deux jeunes créateurs vidéo stars d’une cité de Grigny, le destin d’un DJ pionnier mort en 2011. Entre savoirs de la rue et culture politique, les documentaires Golo et Ritchie et DJ Mehdi : Made in France éduquent le regard sur les quartiers populaires. Et la leçon est de taille quand le discours politico-médiatique à leur propos sonne faux.

Dans un ouvrage récent[1], le sociologue Vincent Tiberj avance l’idée importante d’une droitisation des élites françaises qui contredit les dynamiques à l’œuvre dans la société française. Notre observation de la réalité sociale « par le bas » met en effet en lumière d’autres valeurs et d’autres aspirations que celles du conservatisme d’atmosphère qui irrigue aujourd’hui les discours produits par les champs politique et médiatique.

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Cette forme de résistance diffuse à la contamination de l’espace public par les idées d’extrême-droite s’est manifestée sous un aspect électoral avec le rebond surprise de la gauche au deuxième tour des dernières élections législatives : ce sont bien les citoyen-ne-s, dans différents milieux et singulièrement au sein des classes populaires, qui ont « pris en charge » le front républicain et lui ont donné un sens dans le réel.

Cette opposition entre ce qui se passe dans la société d’un côté, et le monde politique de l’autre, a pris une dimension caricaturale (et disons-le, effrayante) avec le refus présidentiel de prendre acte du résultat des élections législatives, et l’arrivée au pouvoir du gouvernement Barnier, clairement sous le joug des idées réactionnaires rejetées majoritairement dans les urnes.

Face à cette situation, le pire pour la gauche serait d’accompagner ce business de la fragmentation, en nourrissant les séparations artificielles entre banlieues et campagnes, entre une France issue de l’immigration et une autre « petits blancs », sur fond de compétition pour des parts de gâteau électoral.

L’observation de la réalité sociale révèle en effet un rejet concret de ces séparations, et met en jeu une sphère publique alternative, où les idées d’antiracisme, de souci des plus vulnérables et d’égalité de traitement sont structurantes.

Cette « autre vision du monde » se manifeste dans une culture populaire multiforme, qu’on aurait tort de tenir à distance de la politique. La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques a pu en ê


[1] Vincent Tiberj, la droitisation française. Mythes et réalités, PUF, septembre 2024, 144 p.

[2] On pense bien entendu au créateur de vidéos Ohplai, mais aussi à des médias comme DNLC ou encore Grice, qui témoignent de la vitalité culturelle particulière  de ce territoire.

[3] Notamment dans ses films Na tout pour elle (2016) et Malgré eux (2019).

[4] L’expression fameuse « c’est pas le quartier qui me quitte, c’est moi j’quitte le quartier » résonne dans le film à travers le refrain non moins fameux du morceau DKR de Booba. Le rappeur emblématique est d’ailleurs présent furtivement dans le documentaire : il figure parmi les soutiens de longue date du duo, qu’il a fait grimper sur la scène du stade de France en 2022.

[5] DJ Mehdi, Made in France, Arte, septembre 2024.

[6] Voir à ce titre : Ulysse Rabaté, Streetologie. Savoirs de la rue et culture politique, éditions du commun, avril 2024, 232 p.

Ulysse Rabaté

Enseignant, Président de l'association Quidam pour l'enseignement populaire, Ex-Conseiller municipal de Corbeil-Essonnes

Notes

[1] Vincent Tiberj, la droitisation française. Mythes et réalités, PUF, septembre 2024, 144 p.

[2] On pense bien entendu au créateur de vidéos Ohplai, mais aussi à des médias comme DNLC ou encore Grice, qui témoignent de la vitalité culturelle particulière  de ce territoire.

[3] Notamment dans ses films Na tout pour elle (2016) et Malgré eux (2019).

[4] L’expression fameuse « c’est pas le quartier qui me quitte, c’est moi j’quitte le quartier » résonne dans le film à travers le refrain non moins fameux du morceau DKR de Booba. Le rappeur emblématique est d’ailleurs présent furtivement dans le documentaire : il figure parmi les soutiens de longue date du duo, qu’il a fait grimper sur la scène du stade de France en 2022.

[5] DJ Mehdi, Made in France, Arte, septembre 2024.

[6] Voir à ce titre : Ulysse Rabaté, Streetologie. Savoirs de la rue et culture politique, éditions du commun, avril 2024, 232 p.