Société

Pourquoi prendre soin des relations à la crèche ?

Psychologue

Alors que les dérives libérales des crèches sont régulièrement dénoncées, il parait essentiel de porter au dehors une représentation d’un univers peu connu. En tant que monde de relations engageant la socialisation du jeune enfant, l’accueil à « l’Âge de crèche » est une œuvre collective et sensible, qui suppose, en permanence, de ne pas perdre de vue la dimension relationnelle, étendue à tous les espaces et les temps de l’institution.

« C’est la relation qui est première
dans l’accès à l’humanité[1]»

Jean-Claude Ameisen

Pourquoi voulez-vous mettre votre enfant à la crèche ? est une question que je pose toujours aux parents quand je les reçois pour préparer leur arrivée.

Les réponses varient : on met son enfant à la crèche pour aller travailler, avoir un peu de temps pour soi, mais aussi pour le préparer à l’école, qu’il voit d’autres enfants, qu’il se mette à parler, ou encore pour se rassurer sur son développement, pour qu’il sorte un peu de la maison et de la famille et s’habitue à côtoyer d’autres personnes, pour y trouver des ressources qui aideraient à devenir parent…

C’est l’intention parentale.

Et du côté du tout-petit ? Une fois déposé à la crèche, que se passe -t-il pour lui ?

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Le temps de l’acquiescement

Pour s’approprier ce projet parental, les voies empruntées diffèrent selon les enfants et sont toujours singulières. Bien souvent, ils restent un moment sur le seuil de ce nouvel univers car ils perçoivent bien que c’est différent. La socialisation commence là : découvrir du pas pareil – autre que la famille – et c’est dans la relation à l’environnement que ça se vit.

On s’est beaucoup intéressé, à juste titre, à la séparation vécue par le tout-petit (et son parent) lorsqu’il est confié à des personnes extérieures à la famille, mettant l’accent sur le besoin de le sécuriser. Les professionnelles de la petite enfance sont formées et accompagnées pour instaurer ces dispositions au sein des modes d’accueil (permanence, régularité, attention, ajustement). Il s’agit, déjà là, de phénomènes relationnels.

Revenons à l’enfant qui se tient sur le seuil de la crèche. Il va entrer dans un monde nouveau et surtout différent de son environnement familier.

De quoi cette différence est-elle faite ? Comment l’enfant – qu’il ait six mois, dix-huit mois ou vingt-sept mois – va-t-il se faire à la crèche ? Et qu’est-ce qui se fait ?

Quel que soit son âge, en entrant à la crèche, le tout-petit va p


[1] Jean-Claude Ameisen, Président du Comité consultatif national d’éthique. Intervention extraite de la journée Penser le soin avec Paul Ricoeur, Espace éthique/IDF, 2016.

[2] James S Grotstein, « Un rayon d’intense obscurité. Ce que Bion a légué à la psychanalyse ». Ithaque. Trad. de l’anglais par le Groupe de travail Bion, 2016.

[3] Yves Clot, Daniel Faïta, « Genre et style en analyse du travail. Concepts et méthodes », Travailler, n° 4, 2000, pp. 7-42.

[4] Emmi Pikler, pédiatre hongroise et toute l’équipe de la pouponnière, située rue Loczy à Budapest depuis 1946, ont théorisé à partir d’une documentation rigoureuse et fournie, issue de leur pratique, une organisation qui crée des conditions favorables à l’initiative du sujet.

[5] Philippe Bernoux, « Reconnaissance et appropriation : pour une anthropologie du travail », Esprit, n° 10, octobre, 2011, pp. 58-68.

[6] Judith Falk, Miriam Rasse, « Qu’entend-on par autonomie chez un jeune enfant ? » , dans Le Journal des professionnels de l’Enfance, 2005, pp 23-28.

[7] Denis Mellier, L’inconscient à la crèche, Erès, 2004.

Isabelle Robert

Psychologue , Directrice de crèches associatives en Seine Saint Denis

Notes

[1] Jean-Claude Ameisen, Président du Comité consultatif national d’éthique. Intervention extraite de la journée Penser le soin avec Paul Ricoeur, Espace éthique/IDF, 2016.

[2] James S Grotstein, « Un rayon d’intense obscurité. Ce que Bion a légué à la psychanalyse ». Ithaque. Trad. de l’anglais par le Groupe de travail Bion, 2016.

[3] Yves Clot, Daniel Faïta, « Genre et style en analyse du travail. Concepts et méthodes », Travailler, n° 4, 2000, pp. 7-42.

[4] Emmi Pikler, pédiatre hongroise et toute l’équipe de la pouponnière, située rue Loczy à Budapest depuis 1946, ont théorisé à partir d’une documentation rigoureuse et fournie, issue de leur pratique, une organisation qui crée des conditions favorables à l’initiative du sujet.

[5] Philippe Bernoux, « Reconnaissance et appropriation : pour une anthropologie du travail », Esprit, n° 10, octobre, 2011, pp. 58-68.

[6] Judith Falk, Miriam Rasse, « Qu’entend-on par autonomie chez un jeune enfant ? » , dans Le Journal des professionnels de l’Enfance, 2005, pp 23-28.

[7] Denis Mellier, L’inconscient à la crèche, Erès, 2004.