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La Terre face à Trump : cynisme et radicalité

Philosophe

Le 5 novembre marquera le jour de l’élection de Trump à la présidence des États-Unis, soit l’assentiment d’une majorité de la population étatsunienne, fantasmant sa proximité avec le leader populiste, à une personne autoritaire, climatosceptique, complotiste, grossière, menteuse, mysogine, raciste, violente et violeuse, – au fascisme dans sa forme contemporaine, – au mal le plus abject, qui nous menace désormais tous, humains et non-humains.

En quelques mois, les menaces diffuses qui pesaient sur nous se sont cristallisées. En France, à la suite des élections européennes et de la dissolution de l’Assemblée nationale, le glissement à droite, de plus en plus visible au fur et à mesure que s’égrenaient les années Macron, a connu une vive accélération. Et ce tant sur le plan de la représentation politique qu’en termes de paysage médiatique.

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Le front républicain forgé à l’occasion des législatives s’est évanoui. Domine désormais un front informel allant du centre à l’extrême droite. Le ministre de l’Intérieur s’en prend à l’État de droit, le Figaro remet en cause les sciences sociales au sein du CNRS, les questions écologiques passent au énième plan, quand on ne rêve pas de supprimer l’Agence de la transition écologique, etc. La droitisation des représentants et la secondarisation des questions écologiques qui en découle valent tout autant à l’échelle du Parlement et de la Commission européenne.

La campagne présidentielle américaine a laissé de plus en plus apparaître, derrière le populisme trumpien, une menace fasciste. Trump annonce notamment qu’il recourra à une ancienne loi de 1798 (The Alien Enemies Act) en vue d’une déportation de masse des migrants, et possiblement contre les « ennemis de l’intérieur ». Il vient d’être réélu à la présidence des États-Unis. Le tout se déroule avec, à l’arrière-plan, une situation géopolitique et écologique menaçante : des soldats nord-coréens proches des frontières ukrainiennes, une armée israélienne à la furie meurtrière et déstabilisatrice, un effondrement des populations de vertébrés terrestres de 73 % en cinquante ans et un climat qui a d’ores et déjà basculé dans l’inédit, avec l’évidence d’un régime hydrologique alternant canicules à répétition, sécheresses et inondations hors norme.

Quel lien peut-il exister entre la dérive extrême droitière accélérée des forces politiques au sein des anciennes nations industrielles et la dégradation tant géopolitique


[1] Voir Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin, Le Monde nazi (1919-1945), Paris : Tallandier, p. 50-51.

[2] Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite (2004), traduit de l’anglais (États-Unis) par Frédéric Cotton, Marseille : Agone, 2013 [1ère éd. 2008]. Voir également Michel Feher, Producteurs et parasites. L’imaginaire si désirable du Rassemblement national, Paris : La Découverte, 2024.

[3] Benoît Coquard, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin, Paris : La Découverte, 2022.

[4] François Ruffin, Itinéraire. Ma France en entier, pas à moitié, Paris : Les liens qui libèrent, 2024.

[5] Les Soulèvements de la terre, Premières secousses, Paris : La Fabrique, 2023.

[6] Voir Celia Izoard, La Ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l’ère de la transition, Paris : Le Seuil, 2024.

[7] Voir Jean-Paul Bouttes, Énergie, Paris : Presses universitaires de France, 2023.

[8] Voir Sylvia Ekström et Javier G. Nombela, Nous ne vivrons pas sur Mars, ni ailleurs, Lausanne : Favre, 2021.

[9] Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), rapport d’évaluation n° 6 (AR6), groupes de travail 1, 2 et 3 (WG1, WG2 et WG3), tout particulièrement le chapitre 12 sur les événements extrêmes (WG1).

Dominique Bourg

Philosophe, Professeur honoraire de l'Université de Lausanne

Notes

[1] Voir Johann Chapoutot, Christian Ingrao et Nicolas Patin, Le Monde nazi (1919-1945), Paris : Tallandier, p. 50-51.

[2] Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite (2004), traduit de l’anglais (États-Unis) par Frédéric Cotton, Marseille : Agone, 2013 [1ère éd. 2008]. Voir également Michel Feher, Producteurs et parasites. L’imaginaire si désirable du Rassemblement national, Paris : La Découverte, 2024.

[3] Benoît Coquard, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin, Paris : La Découverte, 2022.

[4] François Ruffin, Itinéraire. Ma France en entier, pas à moitié, Paris : Les liens qui libèrent, 2024.

[5] Les Soulèvements de la terre, Premières secousses, Paris : La Fabrique, 2023.

[6] Voir Celia Izoard, La Ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l’ère de la transition, Paris : Le Seuil, 2024.

[7] Voir Jean-Paul Bouttes, Énergie, Paris : Presses universitaires de France, 2023.

[8] Voir Sylvia Ekström et Javier G. Nombela, Nous ne vivrons pas sur Mars, ni ailleurs, Lausanne : Favre, 2021.

[9] Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), rapport d’évaluation n° 6 (AR6), groupes de travail 1, 2 et 3 (WG1, WG2 et WG3), tout particulièrement le chapitre 12 sur les événements extrêmes (WG1).