Blacklisté – sur le rapport fasciste de Trump au langage
Encore des mots, toujours des mots, rien que des mots. C’est une guerre sur la langue, sur le vocabulaire, sur les mots, sur la nomination et la dénomination possibles. Sur ce qu’il est ou non possible de nommer. Une guerre avec ses frappes. Une guerre particulière car lorsque ce sont des mots qui sautent, c’est toute l’humanité qui est victime collatérale directe et immédiate.

Au lendemain de son accession au pouvoir et dans la longue liste des décrets de turpitude de cet homme décrépit, Trump, donc, annonçait vouloir changer le nom d’un golfe, d’une montagne et d’une base militaire.
Le golfe, c’est celui du Mexique, que Trump a voulu renommer golfe d’Amérique. L’enjeu, c’est d’ôter symboliquement cette dénomination à la population mexicaine qu’il assimile totalement à un danger migratoire. Il y est parvenu.
La montagne, c’est le mont Denali, situé en Alaska. Anciennement mont McKinley, il avait été rebaptisé, en 2015, par Barack Obama, selon le souhait des populations autochtones. L’enjeu est donc, ici, une nouvelle fois, de réaffirmer la primauté de l’Amérique blanche. Il n’y est pas parvenu, le Sénat de l’Alaska ayant voté contre.
La base militaire, c’est celle de Fort Liberty, anciennement Fort Bragg, du nom d’un ancien général confédéré, symbole du passé esclavagiste des États-Unis, nom que l’administration Biden avait modifié, tout comme ceux de neuf autres bases pour les mêmes raisons. Trump l’a renommée Fort Bragg. Et son ministre de la Défense a annoncé que les autres bases militaires « dénommées » seraient, de la même manière et pour les mêmes motifs, « renommées ». Et le passé esclavagiste des États-Unis, ainsi « honoré ».
Un monde exonyme. C’est-à-dire un monde dans lequel « un groupe de personnes dénomme un autre groupe de personnes, un lieu, une langue par un nom distinct du nom régulier employé par l’autre groupe pour se désigner lui-même ».
Je leur dirai les mots noirs
Une liste. De mots interdits. De mots à retirer. De mots qui, si vous l