Savoirs

Michel Foucault, critique radical de l’URSS

Politiste

Contre les marxistes, Michel Foucault n’a cessé de combattre l’idée selon laquelle les excès de l’U.R.S.S. aient pour cause une mauvaise lecture de l’œuvre de Marx. Il a toujours refusé de parler du socialisme autrement que comme de la réalité des pays soviétiques. Il a condamné la reprise de ses travaux sur l’enfermement laissant entendre que le goulag était une prison comme les autres. Un aperçu des relations entre le philosophe et l’URSS.

L’URSS a joué, dans le travail de Michel Foucault, une place stratégique, sans proportion avec les textes qui lui sont consacrés[1]. Il s’est démarqué de certaines positions qui, à partir de son analyse de la démocratie et de sa théorisation de l’enfermement, voudraient faire de l’URSS une société qui relèverait du même type que les régimes politiques occidentaux : le goulag n’est pas la prison en Angleterre ou en France[2].

Dans le cours « “Il faut défendre la société” » (1976), Foucault a théorisé la proximité conceptuelle entre nazisme et stalinisme à partir de sa réflexion sur « la guerre des deux races ». Le modèle de la « surveillance » et de la « guerre des classes/races », mêlant théorie de la lutte des classes et de l’hygiène sociale, a été mis en œuvre dès les premières années du régime soviétique, né du coup d’État que les bolcheviks ont organisé en octobre 1917, à Saint-Pétersbourg. Cette dictature du Parti-État par Lénine, Trotski et Staline a implanté des dispositifs coercitifs, dont les camps de concentration[3].

Dressons, par exemple, un portrait rapide de Maria Spiridonova, qui a accédé à la notoriété au lendemain de la révolution de 1905. À vingt-deux ans, elle révolvérise un notable champion de la répression du régime tsariste. Sa sentence est la peine de mort. Mais, après une campagne d’opinion, elle séjourne dans un bagne jusqu’à la révolution de février 1917, où elle recouvre la liberté. Elle appartient au Parti socialiste-révolutionnaire de gauche et, à ce titre, elle participe au Congrès des Soviets en juillet 1918 ; à ce même congrès, Lénine utilise le terme « hystérie » à son égard.

Elle est constamment et résolument dans l’opposition aux bolcheviks : en février 1919, le tribunal révolutionnaire de Moscou la condamne à l’incarcération dans un « centre de cure » en avançant qu’elle est dans un soi-disant état maladif et « hystérique »[4]. Par la suite, Maria Spiridonova est ballotée dans les diverses institutions répressives de l’URSS. Elle est fusillée, comme beaucoup d’autres, dans le massacre de la prison d’Orel par le Commissariat du peuple aux Affaires intérieures (Narodniï komissariat vnoutrennikh diel, N.K.V.D.) en septembre 1941.

Plusieurs événements d’échelles et de types différents, liés au communisme, ont joué un rôle constant dans la position de Foucault quant à l’URSS, mais aussi dans le choix de son objet principal, le pouvoir et son exercice, et, enfin, dans ses engagements militants : son passage au PCF en 1950-1952, la répression de la révolte hongroise de 1956, la publication de la traduction française de L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne en 1974, l’instauration de l’État de guerre en Pologne en décembre 1981.

Michel Foucault a été brièvement membre du PCF et il l’a quitté en raison de l’affaire du « complot des médecins en blouse blanche ». Le PCF avait mobilisé toute son énergie à soutenir la dénonciation de cette soi-disant conspiration soviétique : la presse communiste française publiait des articles intitulés « Seules leurs blouses étaient blanches » et soulignait, comme le faisait la propagande soviétique, la relation entre ces médecins juifs et une organisation présentée comme sioniste. Puis, la mort de Staline, le 5 mars 1953, arrêta le processus où la guerre de classes avait pris l’aspect d’une chasse à des médecins malfaisants et juifs, prémices d’une vaste campagne antisémite.

Dès lors, le décrochage de Foucault par rapport au communisme se manifeste dans son refus systématique, et répété, de parler du socialisme autrement que comme de la réalité des pays socialistes. Il ne pense pas que le socialisme réel présente un écart par rapport au socialisme théorique et il ne va pas chercher dans une erreur d’application ou une mauvaise lecture de Marx les raisons du stalinisme.

Il se distingue aussi bien de la tradition trotskiste que du type de travail de Louis Althusser et de ses élèves. Parmi ceux-ci, Étienne Balibar, dont un « très remarquable article »[5] sur l’État chez Marx (publié en 1972) le fait « sourire » par son académisme qui détourne de la tâche d’analyser l’État soviétique tel qu’il s’est construit. Balibar a consacré son article au « problème de l’État et de la transformation de l’État selon Marx »[6]. Mais Balibar n’a pas investi, par exemple, dans une réflexion sur la permanence de l’armée tsariste dans l’Armée rouge dès l’époque de Trotski[7].

Foucault fait état de sa dette à l’égard de Marx, mais il souligne que les marxistes ne se sont pas engagés dans des travaux historiques, notamment en histoire des sciences. Car les marxistes académiques sont prisonniers de polémiques idéologiques, comme celle que conduisait Lénine dans Matérialisme et empiriocriticisme[8] et que continua Roger Garaudy, qui fut le collègue de Foucault à l’université de Clermont-Ferrand. Quant au marxisme comme « science », il faudrait montrer que le marxisme, comme toutes les sciences, s’est « trompé »[9] : Galilée, Newton, Cuvier, Darwin, tous, au nom de la « scientificité » de leur discipline, se sont trompés, mais Marx, au contraire, ne s’est pas trompé ! L’histoire d’une discipline (la physique avec Galilée par exemple) ne saurait être le pur et simple commentaire des textes de cet auteur (comme c’est le cas avec Marx et les marxistes académiques). Donc, à l’académisme du retour à Marx, Foucault oppose les impératifs du métier d’historien.

Mais c’est à un événement politique majeur que Foucault assigne une origine à son intérêt pour le pouvoir stratégique, intérêt où il situe l’unité de son entreprise.

Il s’agit de l’intervention du « pouvoir soviétique » contre la révolte hongroise en 1956, qui survient alors que le fascisme institutionnel a disparu en Europe et que le stalinisme est supposé liquidé. L’argument que « les excès du stalinisme » renvoyaient à des causes économiques n’était, à ce moment, plus pertinent : l’intervention des chars soviétiques en Hongrie ne renvoie à aucune causalité économique sur laquelle on pourrait rabattre l’exercice du pouvoir. Dans le même temps, les Français conduisaient, en Algérie, une guerre sans utilité pour le capitalisme. L’histoire de l’URSS a aussi fait apparaître que la modification des rapports de production et des institutions politiques n’avait en rien transformé les « menus rapports » de pouvoir dans la famille ou l’usine soviétiques, qui ne sont pas différents de ceux des pays dits capitalistes. L’URSS réelle a, en quelque sorte, démontré en acte que le matérialisme historique était mal fondé.

Les travaux de Foucault le conduisaient à analyser et comprendre sur un mode de rejet radical le type de système qui régnait en URSS.

Un nouvel événement fonde la critique par Foucault du système soviétique : la Pologne. Foucault a séjourné en Pologne communiste d’octobre 1958 à octobre 1959. Lors de la proclamation de l’état de guerre en Pologne (décembre 1981), il s’engage sur le même mode que celui qui avait été le sien au Groupe d’intervention sur les prisons (GIP) au début des années 1970 : il mêle une sorte de propagande par la prise de parole, où son statut d’intellectuel connu lui est utile, avec les contraintes du travail militant, lors, notamment, d’un voyage de quinze jours en Pologne pour convoyer, en octobre 1982, un camion d’aide de Médecins du Monde et des prises de contact avec des militants de Solidarité. (C’est aussi à ce moment qu’il se rapproche de la CFDT, mais on va laisser ce point de côté.)

Foucault accomplit ce voyage en Pologne, où il est mû par son souvenir de l’année dans ce pays où il a écrit Histoire de la folie et qu’il a dû quitter à la suite d’une provocation policière. Mais il persiste dans son appréciation du régime soviétique d’URSS depuis beaucoup d’années. Il ne se contente pas de souligner que le régime soviétique continue les méthodes de l’État moderne, ni même, comme il le dit, qu’il les porte à une sorte de « démesure ».

Il a soutenu que l’hitlérisme et le stalinisme étaient deux formes de « racisme d’État » et il a rejeté, explicitement, l’idée qu’il y aurait une continuité entre « l’enfermement » des fous et le goulag. Foucault, dans un entretien avec Jacques Rancière, critique l’usage du rapprochement goulag/renfermement, qui permet à tous, y compris, par exemple, au Parti communiste français, de dire que nous avons tous notre goulag. Il propose de distinguer « l’institution goulag » de la « question du goulag ». Il se peut que le renfermement de l’âge classique fasse partie de l’« archéologie » du goulag, mais il faut refuser « la dissolution universaliste dans la “dénonciation” de tous les renfermements possibles »[10] : la « question » du goulag doit être posée à chaque société socialiste dans la mesure où aucune, depuis 1917, n’a pu se passer d’un système de ce type, comme on l’a vu avec le sort de Maria Spiridonova.

Pour poser la « question » du goulag, il faut s’interdire quatre choses[11], pour éviter les « rabattements », qui se déclinent ainsi :

• Refuser d’« interroger » la question du goulag à partir des textes de Marx et de Lénine pour savoir comment les déviations enregistrées et comment la théorie a été trahie. Mais, plutôt, interroger les textes de Marx et de Lénine sur comment ils ont permis le goulag : la « question » du goulag ne doit pas se poser en termes d’erreur mais de réalité.

• Refuser de chercher les « causes » du goulag (par exemple « la transformation du Parti en bureaucratie ») car le goulag n’est pas une dégénérescence : « Le goulag, maladie de maternité dans le pays qui enfante malheureusement le socialisme ».

• Refuser la politique du guillemet : ne pas orner le « socialisme soviétique » de guillemets infamants et ironiques qui mettent à l’abri le vrai socialisme, qui donnerait le point de vue adéquat sur le goulag. Le « vrai socialisme » n’est pas dans nos têtes, mais dans le corps et l’énergie de ceux qui s’opposent activement au socialisme soviétique.

• Refuser la « dissolution universaliste dans la “dénonciation” de tous les renfermements possibles ». Le goulag ne doit pas être une interrogation pour tous les systèmes. « Elle doit être posée spécifiquement à toute société socialiste, dans la mesure où aucune d’entre elles depuis 1917 n’est parvenue de fait à fonctionner sans un système plus ou moins développé de goulag[12]. »

Dans cet entretien avec Jacques Rancière, il renvoie à l’analyse d’André Glucksmann, dans La Cuisinière et le mangeur d’hommes. Essai sur les rapports entre l’État, le marxisme et les camps de concentration, car Foucault considère que Glucksmann a échappé à ces quatre « rabattements ».

Foucault, dans son compte-rendu de La Cuisinière et le mangeur d’hommes, définit l’objet de la philosophie par grande période : la philosophie de l’Antiquité vise à produire des sages ; au Moyen Âge, elle cherche à rationaliser le dogme ; à l’âge classique, elle s’emploie à fonder la science ; à l’époque moderne, l’aptitude de la philosophie se mesure « à rendre raison des massacres »[13]. Il critique la « gauche » qui a voulu expliquer le goulag – un « holocauste » – par une faute de lecture de la part de Lénine et de Staline, qui auraient fait un total contresens, pour innocenter Karl Mark. André Glucksmann s’est inspiré de Soljenistyne car le discours de Staline était cohérent avec celui de Marx : « Avec le goulag, on voyait non pas les conséquences d’une malheureuse erreur, mais les effets de la théorie la plus “vraie” dans l’ordre de la politique[14]. »

Le jugement de Foucault est radical en 1977 : l’URSS, d’où ne pourrait « jaillir la lumière d’une espérance », et « tout ce que la tradition socialiste » a produit dans « l’histoire est à condamner »[15]. L’année précédente, il avait avancé, dans le cours « “Il faut défendre la société” », la thèse d’une similitude, non d’apparence, mais de « discours » entre hitlérisme et socialisme.

L’un et l’autre, national-socialisme et socialisme soviétique, sont des « racismes d’État », des racismes biologiques et centralisés[16]. Pour ce qui est du national-socialisme, Foucault souligne que le racisme nazi est une « reprise » d’une guerre ancestrale : il doit assurer le triomphe millénaire de la race. En face de cette « transformation nazie », on a la « transformation soviétique » : elle n’est pas dans la mise en scène théâtrale, mais « diffusément “scientiste” ». Elle est « la gestion d’une police qui assure l’hygiène socialiste d’une société ordonnée ». Ainsi l’ennemi de classe devient-il, dans « le racisme d’État soviétique, une sorte de danger biologique » : malade, déviant, fou, qui réinscrivent, en tant qu’ennemis de race, des ennemis de classe[17].

En effet, Lénine et les bolcheviks ont mis en place des dispositifs de « nettoyage », de purge, de purification pour débarrasser la Russie de ses « insectes nuisibles », des « parasites », des « punaises ». Les exécutions sans jugement, les camps de concentration et, marginalement par le nombre, mais typique du système, l’usage de la psychiatrie à des fins répressives, pour détruire des « anormaux » (vampires koulaks, ennemis infiltrés dans le Parti, hystériques), sont d’emblée les pratiques du pouvoir soviétique, qui vise au « nettoyage de la terre russe »[18]. Bref, l’intrication « guerre de classes » et « hygiène de race » n’est pas un événement accidentel du Parti-État, mais son régime normal de fonctionnement.

L’URSS, que Foucault appelle « l’URSS concentrationnaire », occupe une place essentielle dans son analyse de la politique internationale actualisée par l’instauration de « l’état de guerre » en Pologne, en 1981. Foucault proclame qu’il est inacceptable d’avoir entériné le partage de l’Europe par une ligne, tracée à Yalta, qui n’a rien « d’imaginaire »[19]. Et, en même temps qu’il dénonce le poids d’une dictature communiste en Pologne, il affirme qu’il y a toujours un « refus », des « interstices » qui démentent que la normalisation serait une « acceptation »[20]. Cette thèse – qui n’est pas simplement l’affirmation du caractère stratégique du pouvoir, qui produit plus qu’il ne domine – s’appuie très étroitement sur la réalité des luttes en Pologne contre le Parti-État.

Et elle a aussi permis à Foucault de formuler un diagnostic sur l’avenir de l’URSS, en 1982, singulièrement plus pertinent que celui de beaucoup de soviétologues. Il soulignait, en effet, la fragilité économique de l’U.R.S.S., l’inquiétude politique dans les pays satellites et il rappelait que : « L’empire russe, comme tous les empires, a pour destin de ne pas vivre indéfiniment. Les réussites politiques, économiques et sociales du socialisme à la mode soviétique ne sont pas telles que l’on ne puisse envisager des difficultés importantes, au moins à moyen terme. Pourquoi donc donner un statut de destin historique à un échec aussi flagrant[21] ? » La pertinence de cette anticipation est une réponse à tous ceux qui ont reproché à Foucault de s’être intéressé à des marges qui ne pouvaient permettre de comprendre la société dans toute ses dimensions.

Ainsi, quant à l’URSS – tant sur le plan de son régime interne de dictature de Parti-État concentrationnaire que sur sa nature impérialiste, mais aussi sur sa fragilité –, les travaux de Foucault le conduisaient à analyser et comprendre sur un mode de rejet radical le type de système qui y régnait.

Cependant, si Foucault condamne l’URSS, il reprend les analyses de Marx, dans Le Capital, en termes de technique de pouvoir et les utilise dans Surveiller et punir. Naissance de la prison (1975) car il considère, en 1981, qu’on trouve dans Le Capital « l’esquisse d’une analyse, qui serait l’histoire de la technologie du pouvoir telle qu’elle s’exercerait dans les ateliers et les usines » et il se propose, pour la sexualité, de poursuivre une telle démarche[22]. Et il dit explicitement, en 1982, que « le léninisme et le stalinisme horrifieraient Marx »[23]. La même année, définissant son projet comme l’étude de quatre techniques de la « raison pratique » (techniques de production, techniques de système de signes, techniques de pouvoir, techniques de soi), il renvoie explicitement au Capital, qui montre le rapport entre « manipulation des objets et domination » : chaque technique de production exigeant « non seulement des aptitudes mais des attitudes », donc une « modification de la conduite individuelle »[24].

En tout cas, à l’académisme du retour à Marx, dont témoignent Althusser et Balibar, Foucault oppose les impératifs du métier d’historien : il réintègre Marx dans la lignée de ses propres prédécesseurs, en tant qu’historien des technologies de pouvoir. Un Marx qu’on a tort de lire comme s’il avait pensé le dualisme social en deux termes : classe dominante/classe dominée. Le dualisme est à chercher du côté d’Arthur de Gobineau, qui oppose, en raciste, deux classes. Mais Marx est trop « rusé » pour penser la société en ces termes[25].

L’État totalitaire ne se trouve pas chez Marx, mais dans la politique du Parti-État commencée par Lénine, par Staline et poursuivie par leurs successeurs[26]. « La vocation de l’État, c’est d’être totalitaire, c’est-à-dire précisément de faire un contrôle précis de tout. Mais je pense que l’État totalitaire au sens strict est un État dans lequel les partis politique, les appareils d’État, les systèmes institutionnels, l’idéologie font corps en une espèce d’unité qui est contrôlée de haut en bas, sans fissures, sans lacunes et sans déviations possibles[27]. »

Ces caractères du totalitarisme correspondent à l’URSS et au nazisme. Mais retenons la réticence de Michel Foucault quant à la Pologne : en 1982, il doute que le terme « totalitaire » s’applique à ce pays[28]. Car Foucault estime qu’il y a trois zones en Europe : l’Europe de l’Ouest, l’Europe de l’Est, sous contrôle soviétique, et l’Union soviétique. Dans ce dernier État, totalitaire, les « dissidents » ne peuvent s’appuyer sur le « milieu conducteur » du « nationalisme », contrairement aux modalités de l’Europe de l’Est, comme en Pologne. Au contraire, l’URSS combat les « nationalismes » locaux, et ainsi Foucault nomme-t-il l’Ukraine[29] où le nationalisme est contrecarré. Aussi Foucault estime-t-il que l’URSS et la Pologne ne relèvent pas de la même catégorie : l’URSS, qui fonctionne comme « corps », lutte contre les « fissures » de « l’idéologie » tandis que la Pologne connaît une « déviation » en affirmant sa spécificité nationale.


[1] Dans cet article, on laissera de côté toutes les objections qui pourraient venir d’une application à Foucault de la notion d’auteur ou encore de celle d’œuvre. On s’appuiera essentiellement sur ses Dits et écrits (1954-1988), édition en quatre volumes, édité posthume par Daniel Defert et François Ewald (dir.), Paris : Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1994 et sur « Il faut défendre la société », cours au Collège de France (1976), édité posthume par François Ewald et Alessandro Fontana (dir.), Paris : Gallimard/Paris : Le Seuil, coll. « Hautes études », 1997. Mais on pourra légitimer mon entreprise comme étant une « réécriture » (voir Michel Foucault, L’Archéologie du savoir, Paris : Gallimard, 1969, p. 183). Dans cet article, nous n’utiliserons pas Michel Foucault, « Nietzsche, Freud, Marx » (1964), in Dits et écrits, tome I, op. cit., p. 564-579, qui porte sur l’interprétation.

[2] Michel Foucault, Dits et écrits, tome IV, op. cit., p. 91 : « Les camps de concentration ? On dit que c’est une invention anglaise ; mais cela ne signifie pas ni n’autorise à soutenir que l’Angleterre ait été un pays totalitaire. S’il y a un pays qui, dans l’histoire de l’Europe, n’a pas été totalitaire, c’est bien l’Angleterre, mais elle a inventé les camps de concentration qui ont été l’un des principaux instruments des régimes totalitaires. »

[3] L’ordre du premier « camp de concentration » (transcription en russe des mots allemands) est donné par Lénine en août 1918 (voir Vladimir I. Lénine, Œuvres, tome XXXVI, traduit par Roger Garaudy (dir.), Paris : Sociales/Moscou (URSS) : Progrès, 1959, p. 504).

[4] Dominique Colas, Le Léninisme, Paris : Presses universitaires de France, 1998, et « Maria Spiridonova, révolutionnaire ou hystérique ? », L’Histoire, les collections, n° 51 (« Depuis quand a-t-on peur des fous ? La folie, d’Erasme à Foucault »), 2011.

[5] Michel Foucault, Dits et écrits, tome II, op. cit., p. 406.

[6] Étienne Balibar, « “La” Rectification du Manifeste communiste », La Pensée. Revue du rationalisme moderne, n° 164, 1972, p. 38-64.

[7] Michel Foucault, Dits et écrits, tome II, op. cit., p. 407 ; Dominique Colas, « Trotski et les “spécialistes bourgeois” », in Lénine, Paris : Fayard, 2017, p. 247-253.

[8] Michel Foucault, Dits et écrits, tome II, op. cit., p. 408.

[9] Ibid., p. 409.

[10] Michel Foucault, Dits et écrits, tome III, op. cit., p. 419. La distinction entre institution et question est accentuée, dans le texte source, par une mise en italiques.

[11] Ibid., p. 419.

[12] Ibid., p. 420.

[13] Ibid., p. 278.

[14] Michel Foucault, Dits et écrits, tome II, op. cit., p. 408 et 279.

[15] Michel Foucault, Dits et écrits, tome III, op. cit., p. 408 et 398.

[16] Michel Foucault, « Il faut défendre la société », op. cit., p. 71.

[17] Ibid., p. 72. Le socialisme qui transforme les conditions économiques n’a pas besoin du « racisme », mais qu’il faille se battre avec lui, et le « racisme » est nécessaire : avant l’affaire Dreyfus, l’immense majorité de tous les socialistes étaient « racistes » (ibid., p. 234).

[18] Vladimir I. Lénine, « Comment organiser l’émulation » (1917), in Œuvres, tome XXVI, traduit par Roger Garaudy (dir.), Paris : Sociales/Moscou (URSS) : Progrès, 1958, p. 423-434 ; Dominique Colas, « Lénine, 100 ans après sa mort », AOC.

[19] Michel Foucault, Dits et écrits, tome IV, op. cit., p. 340.

[20] Ibid., p. 342.

[21] Ibid., p. 348. Gorbatchev a été nommé Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique (Kommunistítcheskaïa Pártiïa Soviétskogo Soyoúza, PCUS) en 1985, soit un an arpès la mort de Foucault.

[22] Ibid., p. 189.

[23] Ibid., p. 778.

[24] Ibid., p. 785.

[25] Ibid., p. 201.

[26] Foucault qualifie la Hongrie de « totalitaire » en 1976 (voir Michel Foucault, Dits et écrits, tome III, op. cit., p. 92).

[27] Ibid., p. 386.

[28] Michel Foucault, Dits et écrits, tome IV, op. cit., p. 344.

[29] Michel Foucault, Dits et écrits, tome III, op. cit., p. 384.

Dominique Colas

Politiste, Professeur à Sciences Po

Rayonnages

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Notes

[1] Dans cet article, on laissera de côté toutes les objections qui pourraient venir d’une application à Foucault de la notion d’auteur ou encore de celle d’œuvre. On s’appuiera essentiellement sur ses Dits et écrits (1954-1988), édition en quatre volumes, édité posthume par Daniel Defert et François Ewald (dir.), Paris : Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1994 et sur « Il faut défendre la société », cours au Collège de France (1976), édité posthume par François Ewald et Alessandro Fontana (dir.), Paris : Gallimard/Paris : Le Seuil, coll. « Hautes études », 1997. Mais on pourra légitimer mon entreprise comme étant une « réécriture » (voir Michel Foucault, L’Archéologie du savoir, Paris : Gallimard, 1969, p. 183). Dans cet article, nous n’utiliserons pas Michel Foucault, « Nietzsche, Freud, Marx » (1964), in Dits et écrits, tome I, op. cit., p. 564-579, qui porte sur l’interprétation.

[2] Michel Foucault, Dits et écrits, tome IV, op. cit., p. 91 : « Les camps de concentration ? On dit que c’est une invention anglaise ; mais cela ne signifie pas ni n’autorise à soutenir que l’Angleterre ait été un pays totalitaire. S’il y a un pays qui, dans l’histoire de l’Europe, n’a pas été totalitaire, c’est bien l’Angleterre, mais elle a inventé les camps de concentration qui ont été l’un des principaux instruments des régimes totalitaires. »

[3] L’ordre du premier « camp de concentration » (transcription en russe des mots allemands) est donné par Lénine en août 1918 (voir Vladimir I. Lénine, Œuvres, tome XXXVI, traduit par Roger Garaudy (dir.), Paris : Sociales/Moscou (URSS) : Progrès, 1959, p. 504).

[4] Dominique Colas, Le Léninisme, Paris : Presses universitaires de France, 1998, et « Maria Spiridonova, révolutionnaire ou hystérique ? », L’Histoire, les collections, n° 51 (« Depuis quand a-t-on peur des fous ? La folie, d’Erasme à Foucault »), 2011.

[5] Michel Foucault, Dits et écrits, tome II, op. cit., p. 406.

[6] Étienne Balibar, « “La” Rectification du Manifeste communiste », La Pensée. Revue du rationalisme moderne, n° 164, 1972, p. 38-64.

[7] Michel Foucault, Dits et écrits, tome II, op. cit., p. 407 ; Dominique Colas, « Trotski et les “spécialistes bourgeois” », in Lénine, Paris : Fayard, 2017, p. 247-253.

[8] Michel Foucault, Dits et écrits, tome II, op. cit., p. 408.

[9] Ibid., p. 409.

[10] Michel Foucault, Dits et écrits, tome III, op. cit., p. 419. La distinction entre institution et question est accentuée, dans le texte source, par une mise en italiques.

[11] Ibid., p. 419.

[12] Ibid., p. 420.

[13] Ibid., p. 278.

[14] Michel Foucault, Dits et écrits, tome II, op. cit., p. 408 et 279.

[15] Michel Foucault, Dits et écrits, tome III, op. cit., p. 408 et 398.

[16] Michel Foucault, « Il faut défendre la société », op. cit., p. 71.

[17] Ibid., p. 72. Le socialisme qui transforme les conditions économiques n’a pas besoin du « racisme », mais qu’il faille se battre avec lui, et le « racisme » est nécessaire : avant l’affaire Dreyfus, l’immense majorité de tous les socialistes étaient « racistes » (ibid., p. 234).

[18] Vladimir I. Lénine, « Comment organiser l’émulation » (1917), in Œuvres, tome XXVI, traduit par Roger Garaudy (dir.), Paris : Sociales/Moscou (URSS) : Progrès, 1958, p. 423-434 ; Dominique Colas, « Lénine, 100 ans après sa mort », AOC.

[19] Michel Foucault, Dits et écrits, tome IV, op. cit., p. 340.

[20] Ibid., p. 342.

[21] Ibid., p. 348. Gorbatchev a été nommé Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique (Kommunistítcheskaïa Pártiïa Soviétskogo Soyoúza, PCUS) en 1985, soit un an arpès la mort de Foucault.

[22] Ibid., p. 189.

[23] Ibid., p. 778.

[24] Ibid., p. 785.

[25] Ibid., p. 201.

[26] Foucault qualifie la Hongrie de « totalitaire » en 1976 (voir Michel Foucault, Dits et écrits, tome III, op. cit., p. 92).

[27] Ibid., p. 386.

[28] Michel Foucault, Dits et écrits, tome IV, op. cit., p. 344.

[29] Michel Foucault, Dits et écrits, tome III, op. cit., p. 384.