L’ère de la post-confiance
L’élection le 9 novembre 2016 de Donald Trump à la tête des États-Unis, précédée de quelques mois par le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, a marqué notre entrée dans une ère de la post-vérité. Cette ère de la post-vérité, la philosophe Myriam Revault d’Allonnes l’a définie dans son essai La Faiblesse du vrai. Ce que la post-vérité fait à notre monde commun (Seuil, 2018) comme étant une ère du post-factuel, dans laquelle « la capacité du discours politique à modeler l’opinion publique en faisant appel aux émotions prime sur la réalité des faits ».

Citant les propos de la rédactrice en chef du quotidien d’information britannique The Guardian dans son commentaire de la campagne et des résultats du Brexit, elle écrit : « si les faits étaient une “devise”, force était de constater qu’ils venaient de subir une forte dévaluation ». À l’ère de la post-vérité, il est en effet porté « atteinte aux vérités de fait », c’est-à-dire aux vérités « relatives à des événements contingents, à des faits qui ont eu lieu mais dont la nécessité ne s’impose pas ». Au cours des quatre années de son premier mandat, leWashington Post comptabilisa 30 573 affirmations du président Trump fausses ou trompeuses.
Depuis les premiers jours du deuxième mandat de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025, le monde a basculé dans l’inconnu tant les fondements des équilibres démocratiques, géopolitiques, diplomatiques et économiques qui prévalaient depuis sept décennies sont mis en cause.
Dans le nouvel ordre international, la coopération cède chaque jour un peu plus le pas sur la compétition. L’atlantisme comme communauté de destins et communauté de valeurs a été enterré. La post-vérité ne préserve désormais plus les « vérités scientifiques et rationnelles » dont Myriam Revault d’Allonnes pouvait encore écrire en 2018 qu’elles n’étaient, dans la modernité, « plus guère remises en question ». Le président américain attaque brutalement les libertés académ