IA et données : nous avons notre mot à dire !
«Si vous faites ça, vous n’aurez pas d’IA ! » Voici la menace que m’a lancée un des vice-présidents d’une très grande entreprise d’IA lors d’un de ces dîners bruxellois que ces entreprises ont l’habitude de financer. Quelques instants auparavant, ce même dirigeant nous exhortait, nous Européens, à préparer nos données pour qu’elles soient exploitables par leurs IA et ainsi nous placer en bonne position dans la course.

Trouvant l’invitation saugrenue, j’ai rappelé qu’en Europe nous fonctionnions autrement. Nous avons cette chance rare : celle de pouvoir définir les conditions d’accès des personnes aux services, des services aux ressources et des entreprises aux structures d’autres entreprises, notamment lorsqu’elles sont en position ultra dominante. Mon propos était donc de dire : pas maintenant peut-être mais dans 5, 10, 15 ans, nous vous régulerons comme nous avons régulé les télécoms – et c’est précisément cette régulation qui nous garantira une meilleure situation que les États-Unis ou tout autre pays au monde. L’enjeu n’est donc pas de vous servir nos données sur un plateau mais de décider comment ouvrir vos systèmes et déterminer les conditions de vos activités, aujourd’hui problématiques si ce n’est illégales.
Car, oui, notre régulation de l’accès est ce qui fait de nous des leaders de l’accès aux services essentiels. Car, oui, un pays sans infrastructure régulée, sans approche collective de l’accès à des services essentiels, est un pays qui sombre. Comme les États-Unis aujourd’hui.
Un propos qui m’a valu cette première menace poursuivie d’un : « Vous ne priveriez pas votre population d’électricité, hé bien c’est pareil. » En effet, personne ne souhaite priver sa population d’électricité et c’est précisément pourquoi l’électricité est un des secteurs les plus régulés. Il n’y a pas un mouvement que les entreprises du secteur électrique puissent faire sans que les conditions en aient été définies par les autorités. Cela comporte beaucoup de défauts cer