Cinéma caniculaire et air conditionné
Quand on pense au réchauffement climatique au cinéma, ce sont tout de suite les catégories du film catastrophe ou de science-fiction qui nous viennent à l’esprit. Des films de fin du monde comme Soleil vert (1976) de Richard Fleischer, Le Jour d’après (2004) de Roland Emmerich ou postapocalyptiques comme Waterworld (1995) de Kevin Reynolds ou Mad Max 2 (1981) de George Miller.

Mais qu’en est-il avant la fin du monde ? Quelle représentation humaniste le cinéma a-t-il donné de cette chaleur qui monte, avant de basculer dans la catastrophe et dont les films seraient classés dans d’autres catégories plus communes, celle de la comédie, de la romance ou du drame ? Quelle place peut occuper la canicule que nous connaissons ces jours-ci dans le développement du récit ? Est-ce seulement un arrière-plan un peu trop chaud devant lequel se déroule la comédie humaine ? Ou est-ce que cet arrière-plan peut finalement s’avancer sur le devant de la scène et empoisonner le récit, faire basculer l’action ?
Quelques films font intervenir la chaleur dans la fiction non pas comme « le » sujet du film, mais comme « un » sujet du film, l’un des personnages tout autant actant que la psychologie des personnages humains ou leur condition sociale.
On pense tout d’abord à Do the right thing, un film de 1989 de Spike Lee où l’arrière-plan est brûlé de soleil, que tentent vainement de rafraîchir quelques parasols, ventilateurs ou glaçons sortis du réfrigérateur. Le film raconte une journée caniculaire estivale à New York où la chaleur qui monte semble participer à la montée de la violence finale du film autant que les problèmes sociaux, les jalousies et l’orgueil humains. Et étonnement, avant les rapports du GIEC, le réchauffement climatique y est annoncé par trois personnages s’abritant de la chaleur sous un parasol, habillés de chemises et des chapeaux de couleur blanche pour renvoyer la chaleur des rayons du soleil qui amplifieraient par radiation la chaleur déjà présente par convect