Quand de jeunes sportifs amateurs deviennent « accros » à leur outil connecté
Plusieurs récentes études médicales ont mis en évidence une tendance qui voit de nombreux jeunes développer une dépendance forte aux objets connectés, notamment à leur smartphone. Celle-ci générerait plusieurs effets expérientiels : perturbation du sommeil, diminution de l’activité physique, augmentation du risque d’obésité, ou encore hausse de l’anxiété sociale et risque de dépression.

Dans le même temps, bien que soit constatée une démocratisation massive du recours aux outils numériques (objets d’auto-quantification ou applications mobiles) dans la sphère des loisirs sportifs, à l’instar de la course à pied ou de la musculation, les processus temporels conduisant certains jeunes pratiquants à développer une dépendance (perçue), jugée malsaine, vis-à-vis d’un objet connecté n’ont pas été investigués. Ainsi, interagir de manière fonctionnelle, saine et pérenne avec un dispositif digitalisé en contexte sportif ne va pas de soi, l’usage de celui-ci pouvant altérer la qualité de l’expérience vécue.
Du point de vue sociologique, il n’est pas surprenant que le sport, dont l’essence culturelle est fondée sur la logique du « toujours plus » (« plus loin, plus haut, plus fort »), puisse être le siège (voire le moteur) de conduites addictives, qui plus est à l’heure où la compétition et les injonctions normatives à l’auto-optimisation de soi agissent comme des matrices de régulation de nos sociétés capitalistes contemporaines. Toutefois, la sociologie est souvent considérée comme peu légitime pour examiner la dépendance à un outil connecté, qui demeure classiquement étudiée dans le cadre de travaux psychiatriques. Or, nous souhaitons justement montrer que le regard sociologique peut enrichir la compréhension des trajectoires menant des jeunes sportifs à développer un rapport de dépendance vis-à-vis d’un objet numérique.
Dans la lignée des travaux sociologiques menés sur l’anorexie, la dépression ou encore l’addiction à la pratique sportive, nous nous sommes ainsi