Pourquoi voter en démocratie
La lame de fond annoncée en faveur des Républicains lors des élections intermédiaires du 3 novembre dernier aux États-Unis s’est finalement muée en un petit ressac au Congrès et en un échec au Sénat. Cette déroute a subitement levé un pan de l’emprise que Trump avait réussi à prendre sur ce parti.

Mieux encore : ses affidés qui entonnaient pieusement le refrain de l’« élection volée » ont tous été battus et aucun – ou presque – n’a eu le front, cette fois, de nier la réalité des résultats. Clap de fin : après six années de bruit et de fureur et en dépit de l’annonce de sa candidature, les médias qui ont fait de Trump leur héros le dépeignent aujourd’hui en « loser » qu’il serait urgent de débarquer.
Le même sort a accablé Jair Bolsonaro. A l’instar de son mentor étatsunien, il n’a cessé de clamer lors de la campagne des présidentielles brésiliennes que, s’il n’était pas élu, ce serait la preuve que le scrutin aurait été manipulé, en faisant planer la menace d’un coup d’Etat militaire qui en rétablirait la vérité. Inapte à concéder la victoire de Lula, il a déposé, après une éclipse de trois semaines, un recours devant le Tribunal spécial électoral. Le 24 novembre dernier, cette instance l’a débouté en lui infligeant une amende de 4 millions d’euros pour avoir engagé un « litige de mauvaise foi ». Décision saluée par les formations politiques qui soutenaient le perdant. Baisser de rideau.
De ces réjouissantes défaites, on peut tirer deux leçons. La première est que, dans les circonstances exceptionnelles d’une vie démocratique tourmentée, l’élection peut revêtir une importance capitale, exacerbant les passions, saturant le débat public et soulevant des émois à l’annonce de son dénouement. Contrairement à ce que les états-majors des partis et les analystes avaient prévu aux Etats-Unis, ce ne sont ni l’inflation, ni la criminalité, ni l’immigration qui ont dominé le scrutin, mais trois enjeux qui se sont avérés déterminants aux yeux des citoyens : le droit de