Un génocide à Gaza ? Une réponse à Didier Fassin
Le 7 octobre 2023, l’État d’Israël a été attaqué sur son territoire souverain, celui qu’à la suite de ce que Raul Hilberg a appelé « la destruction des Juifs d’Europe » par l’Allemagne et ses complices, la communauté internationale lui avait reconnu lors du partage de la Palestine mandataire décidé à l’ONU le 29 novembre 1947. La zone dans laquelle ont été perpétrés les massacres et les exactions que l’on sait, n’était pas située dans les colonies illégales en Cisjordanie occupée depuis la guerre de juin 1967, mais dans les frontières à l’intérieur desquelles l’Etat d’Israël a le droit et l’obligation de protéger sa population.

Pour cette raison, le soutien à la guerre qu’Israël mène actuellement contre le Hamas à Gaza est légitime, dans les limites posées par le droit international humanitaire. Dans cette guerre il y a certes beaucoup trop de victimes civiles. Israël a le devoir absolu d’épargner chaque vie civile dans la mesure de ses possibilités et de respecter le droit humanitaire. Normalement, cette obligation devrait s’imposer également au Hamas qui est certes une organisation terroriste, mais aussi le gouvernement du territoire de Gaza. À ce titre lui incombe le devoir de protéger la population sous sa responsabilité plutôt que de l’exposer volontairement, de libérer immédiatement les civils israéliens que ses commandos n’auraient jamais dû prendre en otage, et de traiter les soldats capturés en accord avec la convention de Genève. Ici, la symétrie s’impose. Exempter le Hamas de respecter le droit universel revient paradoxalement à mépriser la partie jugée la plus faible.
Depuis le 7 octobre cependant une description concurrente se fait massivement entendre qui reprend une vieille antienne. Elle énonce que ce jour-là, Israël n’a pas été attaqué par un groupe terroriste, mais a été la cible d’un acte de résistance à l’occupant, ou alors d’une offensive militaire inscrite dans une lutte de décolonisation, initiée en 1948, encore et toujours perdue. C