Société

Qu’apprendre des colos apprenantes ?

Pédagogue

Malgré un résultat décevant en 2020, le gouvernement relance cet été les « colonies apprenantes », label destiné aux séjours qui incluent des modules scolaires. Sauf que ce dispositif, d’une part, relève d’un système de marché concurrentiel qui fait perdre ses valeurs de mixité à la « colo ». D’autre part, il transforme celle-ci en simple extension de l’école alors que, dès ses origines, elle sert de creuset d’innovations pédagogiques pour imaginer de nouvelles formes de vivre-ensemble avec les citoyens de demain.

L’été arrive, le gouvernement relance la traditionnelle campagne de communication sur les colonies de vacances, ces dernières reviennent sur le devant de l’actualité, comme chaque année. Et pourtant, les « colos » sont en crise majeure : une crise économique liée à l’interdiction de faire des classes de découvertes et des séjours pendant plus d’une année et une crise lancinante d’un modèle qui conduit à l’érosion de la fréquentation et à l’éclosion des logiques marchandes. Les colos vont mal.

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C’est dans ce contexte que le gouvernement lance en 2020 les colos apprenantes dans le cadre du programme « Vacances apprenantes », première politique publique importante depuis au moins une décennie. Ces colos apprenantes sont des séjours labellisés regroupés sur une plateforme et disposant d’une aide financière importante. Le dispositif est salué et accompagné par des gros acteurs des colos. Les colos apprenantes doivent permettre au secteur de passer la crise économique et à des enfants de partir en vacances.

Le dispositif n’a pas empêché l’effondrement de la fréquentation à l’été 2020. Sans doute, le ministère de l’Éducation nationale, dont dépendent les colos, espère que l’été 2021 verra plus d’enfants partir, mais la crise est profonde : manques de personnels disponibles, de saisonniers diplômés, mais aussi de sens dans l’action, de réflexion pédagogique et d’un modèle éducatif en phase avec les enjeux du moments. Si les « colos apprenantes » est une politique publique importante en termes de moyen, elle décrit aussi une forme de séjour très traditionnel et ne permet pas de traiter en profondeur les crises de sens et humaines qui existent.

La période de la crise sanitaire met en exergue la fin des modèles économiques construits dans les années 1990-2000 ; elle met très fortement en question les liens humains qui permettent aux associations de colos et de classe de découverte de fonctionner. Les réponses proposées par les gouvernements successifs sont très largem


[1] André Henry, Serviteurs d’idéal. Les bâtisseurs, t.2, Fédération nationale d’éducation, 1987.

[2] Julien Fuchs, Le Temps des jolies colonies de vacances. Au cœur de la construction d’un service public, 1944-1960, Presses universitaires du Septentrion, 2020.

Jean-Michel Bocquet

Pédagogue, Enseignant à l'université Sorbonne Paris Nord, directeur du Mouvement rural de jeunesse chrétienne

Notes

[1] André Henry, Serviteurs d’idéal. Les bâtisseurs, t.2, Fédération nationale d’éducation, 1987.

[2] Julien Fuchs, Le Temps des jolies colonies de vacances. Au cœur de la construction d’un service public, 1944-1960, Presses universitaires du Septentrion, 2020.