Vertes impatiences présidentielles : une primaire de l’écologie politique
Depuis la création du parti vert en 1984, les écologistes sélectionnent leurs candidat·es à l’élection présidentielle au moyen d’une primaire. Ils en ont testé toutes les formes et d’autant plus de modalités que les règles de leur mise en œuvre ont été à chaque fois différentes[1]. Médiatisées à partir du moment où les partis politiques dominants s’appropriaient l’exercice, autant dire au moment de la primaire ouverte socialiste de 2011, les primaires vertes ont jusqu’ici surpris les commentateurs. Peu familiers du fonctionnement d’EELV, pas toujours connaisseurs d’une « mouvance » écologiste aux contours poreux et flous, ils se sont étonnés de voir gagner les candidat·es les moins politiquement bankable à leurs yeux : Eva Joly plutôt que Nicolas Hulot en 2011, Yannick Jadot plutôt que Cécile Duflot en 2016.

Il faut dire qu’en l’absence de véritable espoir de victoire, les écologistes ont toujours choisi, non pas le ou la plus présidentiable d’entre eux, mais celui ou celle qui satisfaisait à leurs propres critères de légitimité[2] et incarnait le mieux l’écologie qu’ils voulaient représenter dans le moment. Ils avaient ainsi préféré le combat contre la corruption et la justice sociale de la députée européenne EELV à l’écologie médiatique et moins vertébrée politiquement de l’ex-animateur d’Ushuaïa coutumier des cache-cache avec le parti ; puis décidé de faire table rase des vicissitudes de leur passé politique et de leurs participations gouvernementales en jetant Cécile Duflot avec l’eau de leur dernier bain.
Cette fois, l’enjeu est très différent : considérant, peut-être trop vite[3], que les autres logiciels politiques sont en dessous des enjeux ou dé-crédibilisés, les écologistes sont convaincus qu’ils sont les seuls à pouvoir perturber le duel annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. À défaut d’avoir su persuader en amont leurs partenaires potentiels, et alors que s’enterre jour après jour le faible espoir d’une candidature commune – il n’y a g