JD Beauvallet : « J’adore les interviews »
Après presque 33 ans comme 33 tours de passion mêlée pour la musique et la presse, JD Beauvallet a quitté Les Inrockuptibles en 2019. Depuis, il lui est arrivé d’écrire ici (dans le Vanity Fair de Joseph Ghosn) ou là (dans AOC) mais surtout, en infatigable gramophile graphomane, il s’est attelé à l’écriture sur commande d’un volume de « mémoires » ou bien plutôt, devrais-je écrire, de memoir, tant les qualités de son Passeur le font ressortir de ce genre littéraire devenu majeur en ce royaume des arts mineurs qu’on nomme UK et qui forme, depuis le mitan des années 80, du pier de Liverpool à celui de Brighton, le terrain de jeu adoré de l’ami Beauvallet. Et puisqu’il s’agit toujours de jouer, et si possible de jouer juste, l’idée m’est venue, pour lui rendre hommage et saluer cette parution, de faire, sur le mode de l’arroseur arrosé, de cet intervieweur-né un interviewé. Intimidé, Dominique A., ici même l’an dernier interrogé par JD, s’est bien volontiers appliqué à l’exercice. Merci à tous les deux. Sylvain Bourmeau

À qui revient l’initiative de ton livre ? T’en a-t-il coûté de te livrer, ou as-tu finalement eu l’impression de renouer avec un travail d’écriture entamé depuis tes débuts, et dans lequel la part autobiographique n’était me semble-t-il jamais tout à fait absente ?
Je n’avais aucune intention, aucun besoin, zéro urgence d’écrire ce livre. Je n’aurais pas écrit une seule ligne sans l’opiniâtreté de mon jeune éditeur, Romain Lejeune, le one-man band des Éditions Braquage. Je pensais l’avoir refroidi avec ma première réponse, que je pensais définitive : « Même ma mère ne le lirait pas. » Il a insisté et le 1er janvier, comme résolution, j’ai commencé, pour tester la machine, à écrire un chapitre. Ça m’a semblé assez fluide et léger, surtout après 32 ans aux Inrocks où nous avions presque comme dogme l’interdiction d’utiliser le « je », par réaction à nos aînés de la presse rock, qui eux se mettaient en scène, s’imaginaient sur le même piédestal q