Désagrégation à l’œuvre – sur la saison 2 d’En thérapie
«Mais quand est-ce que ça s’arrêtera ? » : les suicides, les dépressions, les maladies, les conflits en tous genres cesseront-ils un jour de se passer le mot et de former un chapelet de calamités ? Philippe Dayan, le psychanalyste d’En thérapie incarné cette fois encore par le formidable Frédéric Pierrot, pose cette question dès le premier épisode et donne ainsi la couleur de la saison entière : autant vous prévenir, Dayan est exténué, pessimiste, usé jusqu’à la corde par des crises successives, les siennes et celles de ses patients. La coupe est pleine, il en a marre. Ça tombe bien, nous aussi : les avalanches se succèdent sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle.

Après les attentats de 2015, toile de fond de la première saison d’En thérapie, est arrivé le Covid ; et maintenant, la guerre. Si bien que cette seconde tranche de thérapie colle parfaitement à l’atmosphère actuelle : Dayan, en réclamant un peu de repos, apparaît aussi lessivé que les spectateurs d’avril 2022. À la question de savoir quand cela s’arrêtera, la réponse est : pas de sitôt. Cette tonalité sombre n’empêche pas les trente-cinq nouveaux épisodes pilotés comme les précédents par Éric Toledano et Olivier Nakache de former un ensemble de grande qualité malgré quelques passages ou épisodes ennuyeux. Les angoisses, les blocages, les plaintes, la mort qui hantent les biographies des personnages parleront à tout le monde. Sans savoir à quel point ils tomberaient juste, les scénaristes ont dressé un tableau fidèle de l’état mental d’une grande partie des Français : la désagrégation est à l’œuvre.
Éric Toledano et Olivier Nakache jouent la carte du changement dans la continuité après le succès de la première saison, diffusée il y a un an. Exceptés Frédéric Pierrot et quelques apparitions à l’écran de Clémence Poésy et Pio Marmaï, présents dans la saison 1, les comédiens ne sont plus les mêmes, les patients et les problèmes non plus. Le décor a changé : Philippe Dayan a divorcé, il