Santé

Ce dont la santé publique a besoin

Philosophe, Praticien hospitalier, Médecin et écrivain

En juin dernier, AOC publiait, sous la plume de cinq chercheuses et chercheurs, un article qui fustigeait la radicalité et la dangerosité du tract de Barbara Stiegler et François Alla Santé publique année zéro. Les deux auteurs, associés au neurochirurgien Stéphane Velut, ont tenu à répondre dans nos colonnes.

Dans un article paru dans le quotidien AOC au début de l’été (le 28 juin dernier) – « La santé publique a-t-elle besoin de telles sciences sociales ? » – cinq auteurs éreintaient par le menu le Tract Santé publique année zéro[1] ; éreintement auquel les trois auteurs du présent papier (dont le troisième contribua au Tract De la démocratie en Pandémie[2] et en publia un sur l’hôpital[3]) souhaitent apporter réplique, ne serait-ce que pour faire vivre les idées.

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Qualifiant d’emblée de « pamphlet » ce Tract, il convient tout d’abord de préciser que de pamphlet, aucun. Tout au contraire si l’on s’en tient à la définition du mot, cet essai d’une soixantaine de pages n’est précisément ni court, ni satirique et ni violent – même si un texte raisonné peut paraître brutal aux yeux de celui qui s’y perçoit pointé.

Qualifier de « violente » et « dangereuse » une analyse qui certes ne peut faire plaisir à tout le monde – car elle révèle les faillites (criantes durant la crise) de la politique de santé publique en France – trahit si ce n’est un désir d’en découdre, du moins une gêne sonnant comme l’aveu d’un désarroi, celui que la prise de conscience sait parfois susciter. Un désarroi si grand qu’on leur pardonne d’user de la malhonnêteté qu’ils attribuent aux auteurs de ce Tract quand ils leur prêtent l’usage du terme de « dictature sanitaire » n’y figurant nullement, ou l’implicite constat d’un « totalitarisme sanitaire » (dont il n’est pas plus question dans l’ouvrage incriminé), oubliant qu’entre l’anarchie et le fascisme, nombreux et nuancés sont les niveaux d’autorité que les pouvoirs exercent sur leurs peuples (d’où la difficulté d’arrêter une définition univoque d’un régime démocratique).

Ainsi, là où les analyses développées dans ce Tract sont étayées de solides références, nos détracteurs, eux, ont falsifié leurs citations. Or qui, en sciences précisément, falsifie une citation, se voit frappé d’un rejet pur et simple des revues scientifiques. Usant des mots


[1] Barbara Stiegler et François Alla, Santé publique année zéro, Tract, Gallimard, 2022.

[2] Barbara Stiegler, De la démocratie en Pandémie. Santé, Recherche, Éducation, Tract, Gallimard, 2021.

[3] Stéphane Velut, L’hôpital, une nouvelle industrie. Le langage comme symptôme, Tract, Gallimard, 2020.

[4] Gérard Davet et Fabrice Lhomme, « La mécanique du délitement », Le Monde, 8-9 mai 2020.

[5] Fabrice Humbert, Les mots pour le dire. De la haine et de l’insulte en démocratie, Tract, Gallimard, 2021.

[6] Jean Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu, Acte II, scène 13, 1935.

Barbara Stiegler

Philosophe, Professeur de philosophie politique à l’Université Bordeaux-Montaigne

François Alla

Praticien hospitalier, professeur de santé publique à l’université de Bordeaux

Stéphane Velut

Médecin et écrivain

Rayonnages

SociétéSanté

Mots-clés

Covid-19

Notes

[1] Barbara Stiegler et François Alla, Santé publique année zéro, Tract, Gallimard, 2022.

[2] Barbara Stiegler, De la démocratie en Pandémie. Santé, Recherche, Éducation, Tract, Gallimard, 2021.

[3] Stéphane Velut, L’hôpital, une nouvelle industrie. Le langage comme symptôme, Tract, Gallimard, 2020.

[4] Gérard Davet et Fabrice Lhomme, « La mécanique du délitement », Le Monde, 8-9 mai 2020.

[5] Fabrice Humbert, Les mots pour le dire. De la haine et de l’insulte en démocratie, Tract, Gallimard, 2021.

[6] Jean Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu, Acte II, scène 13, 1935.