Un an après, l’élection d’Emmanuel Macron au défi de l’interprétation
Faire un retour sur l’élection, il y a tout juste un an, d’Emmanuel Macron n’est pas complètement simple. Si le président de la République a déjà effectué 20 % de son mandat et si l’année écoulée a été particulièrement dense en termes de réformes mises en route, analyser la portée de la séquence électorale de 2017 dans l’histoire de la Ve République ne va pas sans difficulté : analysons-nous un événement fondateur qui, à partir d’une grande rupture, va progressivement recomposer pour une longue durée le système partisan et l’espace idéologique français ? Ou analysons-nous une parenthèse, spectaculaire et sans précédent, mais destinée à se refermer un jour ? Avons-nous assisté à un moment politique équivalent dans son ampleur et ses conséquences aux débuts de la Ve République en 1958, ou avons-nous assisté à la réplique de l’élection en 1974 de Valéry Giscard d’Estaing ?
Si l’on peut faire de nombreux parallèles entre Emmanuel Macron et le président centriste qui rêvait de réunir « deux français sur trois » (le score d’Emmanuel Macron au second tour), le contexte n’est toutefois pas le même et surtout sur un point central : en 1974, le nouveau Président prenait appui sur une coalition politique qui malgré ses fortes tensions reposait fondamentalement sur le clivage gauche-droite (l’alliance des néo-gaullistes et des libéraux, qui préfigura l’alliance RPR-UDF) tandis qu’Emmanuel Macron a conquis l’Élysée à partir d’un mouvement politique créé un an avant et se situant explicitement dans la perspective du dépassement de ce clivage gauche-droite.
Il faut renouer le fil de l’histoire de la présidentielle de 2017 avec celui des évolutions politiques que connaissent toutes les sociétés européennes.
Afin de mieux répondre au défi d’interprétation que pose cette élection, il semble de première importance de revenir en arrière et de débobiner le film. Si le recul du temps nous manque encore, cette prise de distance semble essentielle pour trancher une question fondamentale :