International

Au Moyen-Orient, le grand bond en arrière

Journaliste

Au moment où le président Trump annonce le retrait de son pays de l’accord sur le nucléaire iranien, il convient de remarquer combien le durcissement de la rhétorique israélienne contre l’Iran et la réactivation de l’alliance entre l’Arabie saoudite, Israël et les États-Unis obéissent à un vieux schéma, activé au lendemain de la révolution de 1979. Quarante années plus tard, le régime iranien est toujours debout, et son influence régionale le rendent incontournable sur les deux dossiers clé : l’Irak et la Syrie.

Publicité

Parfois, l’histoire bégaie. Au Moyen-Orient, elle radote. La petite rhétorique entendue ces derniers jours du côté de Jérusalem a des airs de ritournelle. La cible, l’Iran, est toujours la même, tout comme les acteurs, Israël, soutenu par l’Arabie saoudite et les États-Unis. Le discours, grandiloquent, et la mise en scène, grossière, en rappellent d’autres… « L’Iran a menti » sur son programme nucléaire, a proclamé lundi 30 avril le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. « Il y a quelques semaines, grâce à un exploit de nos services de renseignements, Israël s’est emparé d’une demi-tonne de documents », a affirmé le premier ministre, avant de dévoiler derrière lui une étagère chargée de classeurs et de CD-Rom. « Voici, a-t-il dit, ce que nous avons trouvé : 55 000 pages et 55 0000 documents stockés sur 183 CD. »

Dubitative, l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique chargée du contrôle et du suivi du dossier du nucléaire iranien, a très vite réagi, estimant qu’il n’y avait « aucune indication crédible » de programme nucléaire de l’Iran après 2009.

La politique de mise à l’index de Téhéran a produit une série de résultats que l’on ne peut que qualifier de piteux pour Washington.

L’histoire récente pousse les observateurs internationaux à la plus grande prudence concernant les mises en scène spectaculaires dont Netanyahou à la secret. En 2012 déjà, le Premier ministre israélien avait été contredit par ses propres services secrets, comme en attestaient des documents publiés à l’époque par le quotidien britannique The Guardian et la chaîne qatarie Al-Jazeera, lorsqu’il avait déclaré que l’Iran était à environ un an de se doter de l’arme atomique.

Cette rhétorique favorite de Netanyahou en temps électoral et/ou de tempête judiciaire – comme celle qu’il traverse actuellement –, donne l’occasion d’examiner le résultat de la politique étrangère des trois alliés telle qu’elle se concrétise depuis l’accession de Trump à la présidence des États-U


Pierre Puchot

Journaliste, spécialiste du Moyen-Orient