Européennes 2019, le retour des outsiders
On sait que l’élection européenne reste un scrutin secondaire. « De second ordre » dit-on souvent en science politique pour marquer son moindre intérêt pour les acteurs traditionnels de l’élection par rapport aux échéances nationales, notamment présidentielles et législatives. De fait, lors des scrutins européens, l’investissement des formations partisanes et la couverture des médias sont plus faibles de longue date, tout comme la participation électorale passée sous la barre des 50% depuis l’élection de 1999. C’est là tout le paradoxe des européennes.
Si le scrutin reste secondaire, il gagne en importance au fil du temps et, surtout, il produit parfois des effets de premier ordre. Depuis les années 1990, l’élection européenne est venue régulièrement affecter les équilibres politiques nationaux. Plusieurs partis ou leaders charismatiques ont pu appuyer leur entreprise politique sur une élection européenne faisant office de marchepied et génératrice de notoriété, de légitimité ainsi que parfois de ressources matérielles pour la vie politique.
Un indice est révélateur de ce potentiel déstabilisateur du paysage politique national en France : le fait que, pour s’en prémunir, le scrutin européen ait été réformé par le parti au pouvoir par deux fois en quinze ans. C’est le cas en 2003 sous le gouvernement Raffarin et en 2018 sous la présidence d’Emmanuel Macron. Les enjeux et les effets de ces réformes électorales méritent qu’on y revienne, car le détour par les cuisines (électorales) permet souvent de mieux juger de la qualité du menu (politique)…
Les spécificités de l’élection européenne vont favoriser le développement du souverainisme en France contre l’UE de Maastricht et de Bruxelles.
C’est notamment dans les années 1990 que l’élection européenne devient un élément perturbateur en puissance du jeu politique national. Au sein d’un système français marqué par des élections à scrutin majoritaire traditionnellement favorable aux partis dominants, l’élection