Jeunes pousses technologiques : moteur ou perturbateur de la recherche ?

Naguère encore, le travail de recherche s’accomplissait pour l’essentiel dans des institutions pérennes, soit l’université, soit la grande entreprise. Aujourd’hui, tant les pouvoirs publics que les stratèges industriels peuvent préférer recourir à des firmes toutes différentes, les jeunes pousses technologiques nouvellement créées. Ce mouvement est-il à l’origine d’un nouvel appareil social de recherche, composé de réseaux inédits réunissant les institutions traditionnelles et d’autres plus labiles et plus floues ? Pourquoi cette évolution, et que signifie-t-elle ?
La recherche contribue à la création de richesses.
Depuis toujours, on a reconnu que la recherche participait au développement économique et social, et on l’a financée en tant que telle. Il y a encore quelques années, les apports que l’on espérait de la recherche étaient distingués selon l’institution qui en avait la charge, soit l’université, soit l’entreprise. Les opérations amont, fondamentales, mais plus aléatoires, dont les résultats étaient différés dans le temps, relevaient de la recherche académique. Par contre, les travaux en aval, appliqués, aux temporalités calculables, dépendaient de la recherche industrielle. Ces différentes finalités justifiaient la division du travail entre institutions, laquelle n’excluait évidemment pas leurs interactions. En effet, si une nouvelle connaissance, s’ajoutant au flux de savoirs déjà élaborés et codifiés, peut sembler au premier abord ne participer que de façon lointaine au progrès économique et social, il arrive qu’elle soit reformulée et appropriée par des praticiens qui en obtiennent des services ou des produits inédits. Ce processus est d’ailleurs souvent inversé, un résultat obtenu en recherche industrielle provoquant des travaux mobilisant la recherche académique.
La fonction sociale de recherche était donc ainsi segmentée, déployée entre deux pôles. Toutefois, dans une branche comme dans l’autre, les travailleurs étaient le plus souvent des salariés b