À distance : (dé)construire le « chez-soi de travail »
Depuis le début du confinement, le télétravail est présenté comme la solution miracle pour maintenir coûte que coûte l’activité économique : « Le télétravail devient la règle impérative pour tous les postes qui le permettent », affirme ainsi dès le 15 mars 2020 le ministère du travail dans un communiqué.
Au sein d’un tissu économique fortement tertiarisé, le ministère estime alors que « près de 8 millions d’emplois (plus de 4 emplois sur 10) sont aujourd’hui compatibles avec le télétravail dans le secteur privé ». D’emblée, le télétravail se met donc en place, à la va-vite, la plupart du temps hors de tout accord collectif. D’après l’article L. 1222-11 du Code du travail, le télétravail est en effet considéré en cas d’épidémie comme un « aménagement du poste » qui s’impose. Ainsi contraints de rester chez eux depuis plusieurs semaines, ces nouveaux télétravailleurs ont appris à bricoler des solutions, à improviser un bureau dans le salon, à comptabiliser leur temps de travail… Et dans une totale improvisation, les managers ont dû imaginer des solutions pour maintenir le contact.
Même s’il est difficile de savoir exactement combien de personnes sont aujourd’hui réellement concernées[1], car très vite le télétravail a fait place à des mesures de chômage partiel ou total, le statu quo devrait se poursuivre au-delà du 11 mai dans beaucoup de secteurs[2]. Ainsi, alors qu’habituellement, ce mode de travail ne concerne qu’environ 3% des salariés d’après une étude de la DARES[3], le télétravailleur est devenu en quelques semaines une vraie figure médiatique.
Au fil des pages des journaux et des émissions de radio, deux profils-types se dessinent. Le premier profil est celui de la télé-travailleuse qui se retrouve en première ligne pour gérer de front les tâches domestiques ou parentales et les contraintes du travail productif (comme ici). Le second profil est plus polymorphe, ni déterminé par son genre ou par son métier (même s’il semble se retrouver davantage ch