Les défis des nouvelles villes écologistes
Les municipales de 2020 ont été spécifiques en de multiples points : crise du Covid-19, extrême faiblesse de la participation traduisant une profonde crise démocratique, nombre des semaines entre le premier et le second tour de scrutin, vécu du confinement, impact également des profondes transformations qui, pour reprendre l’analyse du professeur de science politique Gilles Pinson, « ont affecté les sociétés urbaines dans les dernières décennies : renouvellement générationnel, marginalisation de la bourgeoisie traditionnelle liée au commerce et à la petite industrie au profit de populations à fort capital culturel, […] montée en puissance des groupes socioprofessionnels pour qui l’expérience de la ville est à la fois source de gratifications symboliques et carburant vital pour l’activité professionnelle ».
Dans les urnes, la percée du vote écologiste a constitué un des enseignements principaux du scrutin. Marseille, Lyon, Bordeaux, Grenoble, Strasbourg, Poitiers, Besançon, Annecy, Colombes… : les villes ayant à leur tête, depuis juin dernier, un exécutif écologiste, ou issu d’une alliance entre forces de gauche et écologistes, sont nombreuses, réunissent plus de deux millions d’administrés, représentent notamment trois des onze villes de plus de deux cents mille habitants, et plusieurs conquêtes ont eu des allures de symboles. Les défis que ces nouveaux exécutifs ont à relever sont immenses, à double titre.
Ils sont immenses, tout d’abord, pour les exécutifs écologistes comme pour toutes les nouvelles équipes municipales : il y a urgence à construire partout, en association étroite avec les citoyens, des stratégies de résilience pour faire face aux crises climatiques, sanitaires, sociales en cours et à venir ; les municipalités ont un rôle majeur à jouer pour atténuer le plus possible les conséquences de la crise du Covid-19, tant au plan économique, humain, des mobilités que du vivre-ensemble ; cette crise a par ailleurs renforcé les contraintes financiè