Acceptation sociale : de l’idéal au faisable
Dans un précédent papier publié dans AOC, nous nous interrogions sur la percée de la notion d’acceptabilité sociale dans la novlangue des acteurs politiques et de ceux qui commentent leurs actions. La notion apparaît pourtant dans les années 1980. Elle est utilisée de l’autre côté de l’Atlantique, dans les milieux de l’aménagement et de l’exploitation des ressources naturelles. Les activités des entreprises ont des impacts physiques et socio-économiques forts. Elles génèrent des nuisances environnementales et interrogent la santé publique. Ces préoccupations s’installent et se renforcent dans les années 2000.
En France, des entreprises comme EDF mettent en place des « stratégies d’acceptabilité » territoriales [1]. Elles accompagnent ainsi la montée des revendications environnementales et de la contestation de la société face à un laisser-faire écologique de plus en plus perçu comme dangereux. Mais la résistance croissante aux politiques publiques, la diversification des mouvements sociaux contre de « grands projets inutiles et imposés », la crise de légitimité des représentants et de l’État renforcent encore le recours à la notion dans l’aménagement des territoires et plus largement l’intervention publique.

Dans le même temps, l’acceptabilité sociale prend place dans la littérature scientifique. En sciences sociales, les disciplines scientifiques qui y ont recours se diversifient : psychologie, sociologie, géographie, économie, gestion [2]. Au cours des années 2010, son usage est devenu courant dans les études sur l’environnement, l’aménagement et les nouvelles technologies. C’est là encore le cas de l’autre côté de l’Atlantique, parce que s’y développent de grands projets de centrale ou d’exploitation minière, par exemple, mais le mouvement est international. Les experts en santé publique et en transport l’intègrent à leur tour dans leur boite à outils conceptuels. Il en est de même pour les études sur l’intégration des nouvelles technologies, à l’exemp