Politique

Vertes impatiences présidentielles : une primaire de l’écologie politique

Politiste

Du 16 au 28 septembre, les sympathisants écologistes voteront, en deux tours, pour le ou la candidat·e qui les représentera à la présidentielle. Avec 122 670 inscrit·es, la primaire écologiste témoigne d’une adhésion croissante et inédite à l’écologie politique radicale, clé de voûte des cinq candidatures en présence.

Depuis la création du parti vert en 1984, les écologistes sélectionnent leurs candidat·es à l’élection présidentielle au moyen d’une primaire. Ils en ont testé toutes les formes et d’autant plus de modalités que les règles de leur mise en œuvre ont été à chaque fois différentes[1]. Médiatisées à partir du moment où les partis politiques dominants s’appropriaient l’exercice, autant dire au moment de la primaire ouverte socialiste de 2011, les primaires vertes ont jusqu’ici surpris les commentateurs. Peu familiers du fonctionnement d’EELV, pas toujours connaisseurs d’une « mouvance » écologiste aux contours poreux et flous, ils se sont étonnés de voir gagner les candidat·es les moins politiquement bankable à leurs yeux : Eva Joly plutôt que Nicolas Hulot en 2011, Yannick Jadot plutôt que Cécile Duflot en 2016.

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Il faut dire qu’en l’absence de véritable espoir de victoire, les écologistes ont toujours choisi, non pas le ou la plus présidentiable d’entre eux, mais celui ou celle qui satisfaisait à leurs propres critères de légitimité[2] et incarnait le mieux l’écologie qu’ils voulaient représenter dans le moment. Ils avaient ainsi préféré le combat contre la corruption et la justice sociale de la députée européenne EELV à l’écologie médiatique et moins vertébrée politiquement de l’ex-animateur d’Ushuaïa coutumier des cache-cache avec le parti ; puis décidé de faire table rase des vicissitudes de leur passé politique et de leurs participations gouvernementales en jetant Cécile Duflot avec l’eau de leur dernier bain.

Cette fois, l’enjeu est très différent : considérant, peut-être trop vite[3], que les autres logiciels politiques sont en dessous des enjeux ou dé-crédibilisés, les écologistes sont convaincus qu’ils sont les seuls à pouvoir perturber le duel annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. À défaut d’avoir su persuader en amont leurs partenaires potentiels, et alors que s’enterre jour après jour le faible espoir d’une candidature commune – il n’y a g


[1] Je me permets de renvoyer ici, pour l’analyse de chacune des sélections présidentielles depuis la candidature de René Dumont en 1974 à Vanessa Jérome, « Des primaires pour (ré) unir les écologistes ? Interrogations à partir d’une histoire raisonnée des candidatures des Verts-EELV », dans Rémi Lefebvre et Éric Treille, Les Primaires ouvertes en France. Adoption, codification, mobilisation, Rennes, PUR, 2016, p. 105-120.

[2] Bruno Villalba, Yves Boucher, « Le militant, la compétence et l’éthique : les conditions de l’investiture chez Les Verts », Politix, n° 19, 1990, p. 37-43.

[3] Voir l’entretien avec Serge Audier publié dans les colonnes d’AOC le 26 juin 2021, « Le souci écologique fait partie de l’histoire de la gauche »

[4] Pour s’inscrire, il fallait avoir plus de 16 ans, accepter la Charte de valeurs et payer 2 euros à défaut d’être déjà membre de l’une des forces organisatrices de la primaire.

[5] Pour être candidat·e, il fallait obtenir le parrainage d’au mois 28 des 236 personnes qui constituaient le corps des marraines/parrains. Ces derniers et dernières avaient été désigné·es par les formations qui composent le Pôle écologiste, organisateur de la primaire, selon la répartition suivante : 120 EELV, 40 Génération·s, 30 Génération écologie, 19 Cap 21, 19 Alliance écologiste indépendante et 8 pour le Mouvement des progressistes.

[6] Ils étaient 32 896 en 2011 et 17 146 en 2016.

[7] Amin Allal, Nicolas Bué, (In) disciplines parisanes. Comment les partis tiennent leurs militants, Villeneuse d’Ascq, Presses du Septentrion, 2016.

[8] Sur ce point le pari des écologistes a été gagnant puisque le nombre des inscrit·es est passé de 35 000 à 65 000 après le premier débat, à plus de 80 000 après le deuxième, et à plus de 100 000 après le dernier.

Vanessa Jérome

Politiste, Chercheuse associée à l'Université de Victoria (Canada)

Notes

[1] Je me permets de renvoyer ici, pour l’analyse de chacune des sélections présidentielles depuis la candidature de René Dumont en 1974 à Vanessa Jérome, « Des primaires pour (ré) unir les écologistes ? Interrogations à partir d’une histoire raisonnée des candidatures des Verts-EELV », dans Rémi Lefebvre et Éric Treille, Les Primaires ouvertes en France. Adoption, codification, mobilisation, Rennes, PUR, 2016, p. 105-120.

[2] Bruno Villalba, Yves Boucher, « Le militant, la compétence et l’éthique : les conditions de l’investiture chez Les Verts », Politix, n° 19, 1990, p. 37-43.

[3] Voir l’entretien avec Serge Audier publié dans les colonnes d’AOC le 26 juin 2021, « Le souci écologique fait partie de l’histoire de la gauche »

[4] Pour s’inscrire, il fallait avoir plus de 16 ans, accepter la Charte de valeurs et payer 2 euros à défaut d’être déjà membre de l’une des forces organisatrices de la primaire.

[5] Pour être candidat·e, il fallait obtenir le parrainage d’au mois 28 des 236 personnes qui constituaient le corps des marraines/parrains. Ces derniers et dernières avaient été désigné·es par les formations qui composent le Pôle écologiste, organisateur de la primaire, selon la répartition suivante : 120 EELV, 40 Génération·s, 30 Génération écologie, 19 Cap 21, 19 Alliance écologiste indépendante et 8 pour le Mouvement des progressistes.

[6] Ils étaient 32 896 en 2011 et 17 146 en 2016.

[7] Amin Allal, Nicolas Bué, (In) disciplines parisanes. Comment les partis tiennent leurs militants, Villeneuse d’Ascq, Presses du Septentrion, 2016.

[8] Sur ce point le pari des écologistes a été gagnant puisque le nombre des inscrit·es est passé de 35 000 à 65 000 après le premier débat, à plus de 80 000 après le deuxième, et à plus de 100 000 après le dernier.