Patriarcapitalisme : ce que le Covid-19 fait au travail des femmes
Un plan de sauvetage de 1,9 trillion de dollars. Suivi d’un plan de relance de 4 trillions de dollars. Voilà la réponse de l’administration Biden à la récession économique causée par la pandémie de COVID 19. Aux grands maux, les grands remèdes. De nombreux économistes et commentateurs ont salué ce plan qui « marque un changement d’époque » et fait la preuve d’une « présidence révolutionnaire ». À de nombreux égards, sans doute est-ce le cas. Mais pas à tous.

La récession due à la COVID 19 n’est pas une récession classique. Pour la première fois, c’est une récession qui affecte principalement les femmes. Les femmes étaient en effet en première ligne des secteurs les plus affectés par la pandémie et les confinements : les secteurs de service à la personne, la restauration et l’hôtellerie, les arts. Ceci contraste avec les récessions classiques de ces dernières décennies (et même toutes les récessions depuis 1948) qui affectèrent des secteurs traditionnellement masculins, au premier rang desquels les secteurs manufacturiers exposés à la compétition de main d’œuvre à bas coût dans les pays en développement. Cet impact disproportionné, et unique dans l’histoire des récessions, sur le travail des femmes a amené les économistes à parler de « fémi-cession ».
La taille du choc est aussi sans précèdent. Par exemple, aux États-Unis, le taux de chômage des femmes a augmenté trois fois plus que celui des hommes en 2020. Lors de la « Grande Récession » de 2009, l’exemple classique d’une « mascu-cession », le taux de chômage des hommes, principales victimes de la baisse d’activité dans les secteurs manufacturiers et de la construction, n’avait augmenté « que » deux fois plus que celui des femmes. Comme l’écrivent les économistes Titan Alon, Matthias Doepke, Jane Olmstead-Rumsey et Michèle Tertilt; « jamais aucune récession n’a affecté à ce point un sexe plus que l’autre ».
Et je ne parle ici que du chômage. Je ne parle même pas de la charge familiale qui augmenta jusqu’à