Covid-19 : encadrer la crise
Nous sommes en crise. C’est l’évidence même : une pandémie mondiale a frappé l’espèce humaine et nous traversons une crise. Mais qu’en est-il vraiment ? Que le Covid-19 soit une crise, cela semble incontestable. Or, que signifie cette affirmation ? On peut renverser la question : comment qualifier autrement une pandémie mondiale qu’en ayant recours à la notion de crise ? Après tout, des vies humaines sont en jeu. En effet, le fait de qualifier un événement ou une situation en utilisant le terme de crise relève d’un simple acte sémantique, ou d’un acte verbal. Et l’affirmation « cette chose est une crise » semble sémantiquement justifiée dans le cas d’une pandémie humaine mondiale.

Cependant, « c’est une crise » n’est pas une simple observation empirique qui peut être exprimée sans problème par un acte sémantique. Au contraire, « c’est une crise » est une observation logique – c’est un énoncé. Et c’est, en outre, un énoncé qui doit être appréhendé sur le plan conceptuel. Je m’explique.
Commençons par une observation empirique : virus. Observation fondée sur une distinction : virus/non virus. Il s’agit d’une observation de premier ordre. Un virus ne peut être connu (observé) que sur la base de distinctions qui déterminent ce qu’il n’est pas. Voici une autre observation possible : virus présent. Cela signifie que je suis, ou ne suis pas, en présence d’un virus. Il s’agit d’une observation de second ordre fondée sur l’observation de premier ordre « virus/non virus ». En partant de là, l’énoncé « le fait d’être en présence d’un virus est une crise » est une observation de portée conceptuelle.
En d’autres termes, l’observation empirique « virus » est différente de l’affirmation conceptuelle « le virus est une crise ». Un virus ne se présente pas naturellement comme une crise. Déclarer que le virus est une crise qualifie l’observation empirique. Par conséquent, nous introduisons une observation empirique dans la sphère conceptuelle. Le concept de crise est donc f