Le Covid-19 : travail, vie personnelle et réinvention du contrôle organisationnel
Que révèle la pandémie de Covid-19 à propos du travail, des frontières travail/vie personnelle et du contrôle organisationnel, c’est-à-dire le contrôle qu’opèrent les organisations sur leurs salariés ? Pour tenter de répondre à cette question, il convient d’abord de remarquer que le Covid-19 a eu, selon les travailleurs et les lieux de travail, un impact différent. Je me concentre ici avant tout sur les personnes qui travaillent depuis chez elles, mais tiens aussi à prendre en compte d’autres catégories importantes de travailleurs : les travailleurs essentiels qui se sont retrouvés en première ligne, les travailleurs qui ont perdu leur emploi pendant la pandémie, les indépendants ainsi que les travailleurs non-rémunérés qui effectuent des tâches domestiques et de soins invisibles (en l’occurrence, principalement des femmes).

Ce dernier type de travail a beaucoup augmenté du fait de la fermeture des écoles pour cause de pandémie. Il faut aussi préciser que, même dans la seule catégorie des télétravailleurs, les expériences ont été différentes : certains ont reçu leur salaire habituel, d’autres ont vu le leur réduit ; certaines personnes ont été surchargées de travail, d’autres se sont ennuyées.
Les réalités vécues varient également en fonction du genre et de nombreux autres facteurs. C’est ainsi qu’une étude récente de l’INED[1] a montré que 41 % des hommes et seulement 25 % des femmes disposaient chez eux d’une pièce isolée pour travailler (par opposition au fait de travailler dans une pièce occupée par les autres membres de la famille).
De la même manière, les parents célibataires avec de jeunes enfants, les personnes souffrant d’un problème de santé qui les met en danger, les personnes à faible revenu ne disposant d’aucune épargne, auront probablement vévu une expérience plus pénible du Covid-19 que les autres individus.
Depuis mars 2020, j’ai reçu de nombreuses demandes d’interview de la part des médias, qui m’ont posé des questions sur l’érosion des fr