Le politicien, les croyants et la vérité
Les mensonges et les fausses promesses sont des constituants fondamentaux de la vie politique et les problèmes qu’ils posent ont été bien étudiés depuis les débuts de la pensée politique. L’indifférence et le mépris de la vérité comme valeur fondamentale de l’esprit et de toute vie collective sont probablement plus récents[1]. J’aimerais ici insister sur un autre point généralement sous-estimé : sans prendre en compte la vérité et la prétention à la vérité, de nombreuses pratiques et attitudes religieuses resteront incompréhensibles, comme par exemple la différence entre « croire » et « faire semblant de croire », ce qui n’est pas sans conséquences politiques.
La référence à la vérité est rarement mentionnée dans l’analyse des pratiques religieuses pour des raisons diplomatiques, afin de ne pas avoir à critiquer la fausseté ou l’illusion des croyances religieuses, ce qui doit favoriser une compréhension plus fine des différentes manières de croire[2]. Or, la volonté d’éviter la critique dogmatique a pour conséquence de nous interdire la nécessaire prise en compte de l’importance de la vérité dans l’engagement religieux de certains croyants, et pas seulement des plus fanatiques.

Imaginez un politicien dans un lieu de pèlerinage, à genoux, les yeux et les mains tournés vers le ciel, comme pris d’une extase religieuse ; il sourit, satisfait de lui-même. Cette mise en scène de la croyance religieuse en acte et de soi-même est très probablement une imitation sans foi authentique.
Notre politicien ne croit pas et cherche seulement à faire semblant de croire pour que des personnes plus authentiquement croyantes puissent s’identifier à lui et ainsi lui accorder leur confiance comme elles le font pour les membres de leur communauté. Il s’agit donc d’un hommage du vice à la vertu.
Si l’on veut se donner les moyens de comprendre la différence entre une prière et une imitation de prière, il faut pouvoir distinguer entre, comme l’on dit couramment, celui ou celle qui y