Ukraine : le gaz, une nouvelle arme ?
En Ukraine, face à l’envahisseur, la résistance de tous les secteurs de la société est mise à l’épreuve. Parmi les chantiers majeurs, la construction d’une architecture résiliente d’approvisionnement gazier occupe une place centrale. Pour accomplir cette tâche, les industriels nationaux, notamment le gestionnaire du réseau de gazoduc Gas Transmission System Operator of Ukraine (GTSOU), sont en première ligne. Dans l’immédiat, le PDG de l’entreprise publique rassure, les infrastructures continuent à fonctionner « normalement » à l’heure qu’il est malgré l’invasion commencée à l’aube jeudi.

En décembre dernier, Sergiy Makogon évoquait les projets de long terme engagés par l’Ukraine pour garantir sa sécurité énergétique et être moins dépendante du bon-vouloir russe. Les autorités ukrainiennes sont mobilisées, et n’ont pas attendu l’offensive russe pour l’être. Depuis des mois déjà, les diplomates, le ministère de l’énergie, le ministère des affaires étrangères et le régulateur travaillent à augmenter les capacités d’importations de gaz aux frontières de ses voisins européens.
L’Ukraine importe environ un tiers de ses besoins en gaz. La production domestique ukrainienne de gaz est actuellement de 20 milliards de mètres cubes (MMC) par an et la consommation est de 30 MMC. Depuis 2016, soit deux ans après l’annexion de la Crimée, l’Ukraine n’importe plus, théoriquement, de gaz directement depuis la frontière russe. Le pays dispose de deux options pour importer son gaz : les flux inversés physiques, et les flux inversés virtuels.
Ce que l’on appelle « flux inversés » sont des flux de gaz transitant depuis l’Union Européenne vers l’Ukraine. On les qualifie d’« inversés » car historiquement, les flux régionaux de gaz traversent l’Ukraine d’est en ouest. Que l’on ne s’y trompe pas : le gaz provenant de l’UE à destination de l’Ukraine peut être issu de fournisseurs divers, mais il s’agit en grande majorité… de gaz russe ! Passé par le gazoduc Nord Stream (grand frè