Écologie

Vers une écologie progressiste

Géographe et Urbaniste

La conscience de l’urgence climatique nous invite à penser et à agir aussi vite que nécessaire, non en combattant le progrès technique mais en tenant compte des améliorations qu’il permet. Cette écologie progressiste qui ne se contente pas de beaux discours révolutionnaires ni ne sombre dans le déni, seule permet de concilier deux impératifs : les luttes écologiques et le respect de l’État de droit.

L’ouverture des possibles qu’a produite le cycle d’élections présidentielle et législatives en 2022 en France, rapprochant le pays des situations de la plupart des pays d’Europe, nous invite à ne pas nous contenter des étiquettes des partis pour analyser les propositions et les actions des uns et des autres.

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On peut définir le progressisme comme une orientation politique visant, pour la société et ses composantes, des avancées imaginées, définies, proposées et mises en œuvre par cette société et les acteurs qui l’animent. La démarche progressiste consiste à aller le plus loin possible vers des situations jugées meilleures par le plus grand nombre, en s’assurant que ceux qui jugent les changements négatifs aient aussi leur mot à dire.

Une traduction de ce choix est donnée par le caractère indissociable du couple développement-justice, chacun des éléments devenant synonyme de l’autre[1]. Dans deux textes précédents[2], j’ai montré que la vie politique en Occident tendait à se réorganiser en cercles concentriques progressiste / conservateur / réactionnaire / totalitaire et que le « curseur » gauche/droite s’affaiblissait, tout en devenant orthogonal à ces clivages, ce qui veut dire, par exemple, que rien ne garantit que ceux qui se disent de gauche soient effectivement progressistes.

Dans ce texte, je montre que les enjeux politiques liés à la nature entrent bien dans cette nouvelle configuration et j’explore les conditions de possibilité d’une écologie progressiste.

Une prise de conscience progressive de la responsabilité envers la nature

Un enjeu se situe désormais au sommet de l’arborescence des orientations politiques : la nature. Selon la manière dont les sociétés le traitent et le traiteront, beaucoup des autres enjeux seront profondément affectés.

Définissons la nature comme l’ensemble des réalités relevant du monde physique et biologique pour autant qu’elles concernent les humains, avec lesquelles ceux-ci interagissent et qu’ils peuvent ou non unifier


[1] Voir à ce sujet, Jacques Lévy, Jean-Nicolas Fauchille & Ana Póvoas, Théorie de la justice spatiale, Odile Jacob, 2018.

[2] Jacques Lévy, « La gauche et le progressisme : du pléonasme à l’oxymore », AOC, 26 août 2019 ; « Les métamorphoses du politique en Occident », Terra Nova, 21 janvier 2022.

[3] [Notice] « Nature », in Jacques Lévy et Michel Lussault, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, 2013, nouvelle édition.

[4] Dans la France de 1975, les ouvriers représentaient 37,6 % de la population active, les professions intermédiaires et les cadres 19,4 %. En 2021, les ouvriers comptent pour 21,1 % des actifs, les professions intermédiaires et les cadres 46,3 %.

[5] Dans The Honest Broker (Cambridge University Press, 2007), Roger A. Pielke Jr a montré que lorsque des controverses scientifiques entrent en resonance avec des débats politiques, la connaissance est la première victime.

[6] Voir à ce sujet l’analyse comparative des modes d’habiter dans Jacques Lévy, Géographie du politique, Odile Jacob, 2022, pp. 97-99.

[7] Voir par exemple Oxfam, Combattre les inégalités des émissions de CO2, rapport, 2020 ; Lucas Chancel & Thomas Piketty, Carbon and Inequality : From Kyoto to Paris, Rapport, 2015.

[8] Alexandre Bourgeois et al.,  « Un tiers de l’empreinte carbone de l’Union européenne est dû à ses importations », Insee Analyses, 20 juillet 2022.

[9] Voir à ce sujet : Jacques Lévy, « Urbanity and Humanity : Babel as an Open Myth », Religion and Urbanity Online, 2020.

[10] Collectif [comprenant notamment José Bové, Philipe Descola, Nicolas Hulot et Éric Piolle], « Penser les glaciers comme des acteurs d’un monde que nous habitons ensemble », Le Monde, 6 mai 2021.

[11] Bruno Latour, Face à Gaïa, La Découverte, 2015, et Où atterrir, La Découverte, 2017.

[12] Bruno Latour & Nikolaj Schultz, Mémo sur la nouvelle classe écologique, La Découverte, 2022.

Jacques Lévy

Géographe et Urbaniste

Notes

[1] Voir à ce sujet, Jacques Lévy, Jean-Nicolas Fauchille & Ana Póvoas, Théorie de la justice spatiale, Odile Jacob, 2018.

[2] Jacques Lévy, « La gauche et le progressisme : du pléonasme à l’oxymore », AOC, 26 août 2019 ; « Les métamorphoses du politique en Occident », Terra Nova, 21 janvier 2022.

[3] [Notice] « Nature », in Jacques Lévy et Michel Lussault, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, 2013, nouvelle édition.

[4] Dans la France de 1975, les ouvriers représentaient 37,6 % de la population active, les professions intermédiaires et les cadres 19,4 %. En 2021, les ouvriers comptent pour 21,1 % des actifs, les professions intermédiaires et les cadres 46,3 %.

[5] Dans The Honest Broker (Cambridge University Press, 2007), Roger A. Pielke Jr a montré que lorsque des controverses scientifiques entrent en resonance avec des débats politiques, la connaissance est la première victime.

[6] Voir à ce sujet l’analyse comparative des modes d’habiter dans Jacques Lévy, Géographie du politique, Odile Jacob, 2022, pp. 97-99.

[7] Voir par exemple Oxfam, Combattre les inégalités des émissions de CO2, rapport, 2020 ; Lucas Chancel & Thomas Piketty, Carbon and Inequality : From Kyoto to Paris, Rapport, 2015.

[8] Alexandre Bourgeois et al.,  « Un tiers de l’empreinte carbone de l’Union européenne est dû à ses importations », Insee Analyses, 20 juillet 2022.

[9] Voir à ce sujet : Jacques Lévy, « Urbanity and Humanity : Babel as an Open Myth », Religion and Urbanity Online, 2020.

[10] Collectif [comprenant notamment José Bové, Philipe Descola, Nicolas Hulot et Éric Piolle], « Penser les glaciers comme des acteurs d’un monde que nous habitons ensemble », Le Monde, 6 mai 2021.

[11] Bruno Latour, Face à Gaïa, La Découverte, 2015, et Où atterrir, La Découverte, 2017.

[12] Bruno Latour & Nikolaj Schultz, Mémo sur la nouvelle classe écologique, La Découverte, 2022.