La laïcité dévoyée
L’actualité apporte désormais chaque jour des témoignages de la fuite en avant suicidaire que provoque la loi de 2004 interdisant le port d’insignes religieux dans le cadre scolaire. Elle illustre surtout un fait inquiétant, qui est la méconnaissance complète du sens de la laïcité dans la constellation des principes qui devraient animer notre république. Et cette ignorance – qui confine à l’aveuglement – est porteuse d’un risque très important.

La loi qui interdit le port d’insignes religieux dans le cadre scolaire est en effet une loi contraire à la liberté de conscience, et son caractère liberticide est la cause de son inefficacité et de son caractère contre-productif. Contrairement à tous ceux qui pensent qu’il est légitime d’écorner la liberté pour procurer un surcroît de ce qu’ils appellent sécurité, il faut réaffirmer avec force ce que tout le monde devrait savoir : les entorses à la liberté sont un facteur majeur d’insécurité parce qu’elles alimentent les comportements qu’elles sont censées endiguer.
Aujourd’hui, on accuse ce que l’on appelle sans preuve des « réseaux islamistes » d’encourager les jeunes gens – filles et garçons – à arborer au collège et au lycée des tenues vestimentaires qui sont censées dénoter leur appartenance à une confession religieuse. Pourquoi cette incitation réussit-elle à mordre sur l’esprit des adolescents, sinon parce qu’elle est en adéquation avec le sentiment dont ils sont animés d’être face à un État qui prétend limiter une liberté fondamentale au moment même où il en proclame l’importance, et imposer un contrôle de leurs comportements au moment même où il célèbre une liberté qui n’existe pas dans des pays où précisément, le vêtement est contrôlé et imposé ? Comment s’étonner que la volonté de faire éclater la contradiction au grand jour se manifeste d’une manière de plus en plus claire ?
Le ministre de l’Éducation sait-il ce qu’il dit ?
Dans une interview au journal Le Monde l’automne dernier, le ministre de l’Éduca