Immigration : le gouvernement britannique entretient la guerre culturelle
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, la nouvelle loi britannique contre l’immigration illégale risque d’enfreindre la loi internationale, en interdisant de facto l’asile. Le texte propose en effet d’empêcher les personnes qui voyagent via des pays sûrs et qui entrent illégalement au Royaume-Uni de voir leur demande d’asile examinée. La ministre de l’Intérieur aura désormais l’obligation d’expulser les immigré·es clandestin·es, au lieu de laisser cette possibilité à l’appréciation des tribunaux. Iels seront renvoyé·es vers leur pays d’origine ou vers un pays tiers « sûr » comme le Rwanda au titre d’un protocole d’accord déjà signé avec les autorités rwandaises.

Ce projet de loi a attiré de vives critiques, notamment de la part de l’ancienne Première ministre, Theresa May, et de l’archevêque d’York. Ce dernier a exhorté le gouvernement à « envisager des solutions alternatives qui ne pénalisent pas injustement les personnes les plus vulnérables au monde, et qui reflètent mieux l’histoire du Royaume-Uni en matière de compassion et de leadership moral[1] ». D’aucuns diront que ce durcissement des lois en matière de migration est une aberration qui entache l’image du pays, lequel serait un modèle de tolérance et de multiculturalisme. D’autres affirmeront qu’il s’explique par les choix de quelques individus – la nouvelle ministre de l’Intérieur, Suella Braverman en l’occurrence – ou bien par la pression politique, dans le contexte post-Brexit, pour répondre aux demandes du peuple de « reprendre le contrôle » sur les frontières.
Certes, Suella Braverman, en dépit de ses propres origines en tant que fille d’immigrés du Kenya et de l’Île Maurice, est particulièrement virulente dans son opposition à l’immigration, ayant déclaré au dernier congrès annuel du Parti conservateur qu’elle « rêvait » de voir le premier vol quitter le territoire britannique en direction du Rwanda avec des migrants clandestins à bord. Elle a notamment employé un lan