éducation

Comment lutter contre le séparatisme scolaire ?

Économiste

En 2022, l’Éducation nationale a publié les indices de position sociale, des données permettant d’établir la composition sociale des établissements scolaires. Ces données ont confirmé et prolongé des résultats connus en sciences sociales, à savoir l’absence de mixité sociale à l’école. Si le débat parlementaire sur le sujet est dynamique, ses acteurs ne s’emparent pourtant pas des nouvelles données disponibles. Autant de raisons de s’y attarder.

Le 10 octobre dernier, à l’initiative de Colombe Brossel (sénatrice PS de Paris), le Sénat discutait d’une proposition de loi visant à la promotion de la mixité sociale et scolaire dans les établissements publics et privés. Le 28 novembre, ce fut au tour de l’Assemblée nationale de débattre de cette question, à partir d’une proposition de loi de Paul Vannier (député LFI du Val d’Oise), co-auteur au printemps dernier d’un rapport sur l’enseignement privé avec Christopher Weissberg (qui était alors député Ensemble de la première circonscription des Français établis hors de France). Cette activité parlementaire intervient dans un contexte où ce sujet s’est progressivement imposé dans le débat public, après avoir été longtemps sous les radars de l’actualité.

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Certes, on trouve une trace de ce questionnement dans les textes officiels du ministère de l’Éducation nationale depuis la fin des années 1990. Dans sa circulaire de rentrée, le ministre Claude Allègre fait part, en 1999, de la nécessité de « préserver ou d’instaurer une mixité sociale, autant qu’il est possible ». Cet enjeu a également affleuré en 2007, lors du débat sur la suppression de la carte scolaire – le mécanisme qui affecte chaque élève à un établissement public en fonction de son adresse – ainsi qu’au moment de son évaluation[1].

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le législateur met à l’agenda la question de la mixité sociale dans les établissements scolaires. Partant du postulat que la séparation des élèves selon leur origine sociale dans différents établissements est de nature à affecter l’égalité des chances et la cohésion sociale, le système scolaire a, depuis la loi de 2013 sur la refondation de l’école de la République, pour mission d’assurer un certain brassage social de ses élèves. Ce principe a été réaffirmé en 2021 à l’occasion de la loi sur les valeurs de la République – dite « loi séparatisme ». L’article 58 stipule notamment que « l’autorité de l’État compétente en matière


[1] Dans une « lettre aux éducateurs », l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy précise : « Si je souhaite aller progressivement vers la suppression de la carte scolaire, c’est précisément pour qu’il y ait moins de ségrégation. » L’évaluation de cette réforme a fait l’objet d’un numéro de la revue Éducation & formations du ministère de l’Éducation nationale.

[2] Cette publication doit d’ailleurs beaucoup au journaliste Alexandre Léchenet qui a saisi le Tribunal administratif de Paris afin d’obtenir la mise à disposition de ces données.

[3] En outre, les établissements privés sous contrat peuvent imposer des frais annexes, notamment des frais de dossier nécessaires à l’étude de la candidature. Il n’existe malheureusement pas de registre national consignant les données sur les différents types de frais et leur montant.

[4] Lorenzo Barrault‑Stella, « De fausses adresses pour contourner la carte scolaire. Arrangements avec le droit et fidélité à l’État », Sociétés contemporaines, n° 108, 2017, p. 125‑154. Notons par ailleurs que des établissements privés hors contrat existent également mais leur nombre est résiduel – quoiqu’en augmentation. Dans la suite de ce texte, on fera uniquement référence au secteur privé sous contrat. Enfin, une infime minorité de familles optent pour l’enseignement à domicile.

[5] Fannie Dauphant, Franck Evain, Marine Guillerm, Catherine Simon et Thierry Rocher, « L’indice de position sociale (IPS) : un outil statistique pour décrire les inégalités sociales entre établissements », note d’information n° 23.16, Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP).

[6] On utilise les données de la rentrée 2021. Les chiffres cités dans cet article et la méthodologie pour les obtenir proviennent, sauf mention contraire, de Youssef Souidi, Vers la sécession scolaire ? Mécaniques de la ségrégation au collège, Fayard, 2024.

[7] Ces statistiques ont permis de nourrir le débat sur la question à la rentrée 2016.

[8] Hugo Bo

Youssef Souidi

Économiste, Postdoctorant au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et à l'université Paris Dauphine

Notes

[1] Dans une « lettre aux éducateurs », l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy précise : « Si je souhaite aller progressivement vers la suppression de la carte scolaire, c’est précisément pour qu’il y ait moins de ségrégation. » L’évaluation de cette réforme a fait l’objet d’un numéro de la revue Éducation & formations du ministère de l’Éducation nationale.

[2] Cette publication doit d’ailleurs beaucoup au journaliste Alexandre Léchenet qui a saisi le Tribunal administratif de Paris afin d’obtenir la mise à disposition de ces données.

[3] En outre, les établissements privés sous contrat peuvent imposer des frais annexes, notamment des frais de dossier nécessaires à l’étude de la candidature. Il n’existe malheureusement pas de registre national consignant les données sur les différents types de frais et leur montant.

[4] Lorenzo Barrault‑Stella, « De fausses adresses pour contourner la carte scolaire. Arrangements avec le droit et fidélité à l’État », Sociétés contemporaines, n° 108, 2017, p. 125‑154. Notons par ailleurs que des établissements privés hors contrat existent également mais leur nombre est résiduel – quoiqu’en augmentation. Dans la suite de ce texte, on fera uniquement référence au secteur privé sous contrat. Enfin, une infime minorité de familles optent pour l’enseignement à domicile.

[5] Fannie Dauphant, Franck Evain, Marine Guillerm, Catherine Simon et Thierry Rocher, « L’indice de position sociale (IPS) : un outil statistique pour décrire les inégalités sociales entre établissements », note d’information n° 23.16, Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP).

[6] On utilise les données de la rentrée 2021. Les chiffres cités dans cet article et la méthodologie pour les obtenir proviennent, sauf mention contraire, de Youssef Souidi, Vers la sécession scolaire ? Mécaniques de la ségrégation au collège, Fayard, 2024.

[7] Ces statistiques ont permis de nourrir le débat sur la question à la rentrée 2016.

[8] Hugo Bo