Candeur crapule et musique folk – à propos de l’album Gueuseries de Paris Banlieue
En 1988, concluant une chronique amoureuse du duo espiègle Les Calamités, j’écrivais : « Combien de fillettes se mettront-elles à la guitare en usant cet album sur le mange-disques familial ? » Les trois adolescentes de Paris Banlieue n’étaient pas nées quand « Toutes Les Nuits » ou « Vélomoteurs » égayaient la bande FM. Pourtant, le filiation est frappante, dans ces dégaines de catéchisme et ces grosses attitudes délurées.
À elles trois, Clara Pernas, Léonor Pernas et Adèle Duhoo n’ont pas 50 ans. Elles connaissent pourtant Les Calamités. Par des connections familiales. Peut-être le même réseau qui a fait passer une maquette du trio à Sylvain Quément, de la station pour enfants Radio Minus. Étonné, il s’est déplacé chez Adèle avec ses micros et sa bienveillance pour enregistrer Paris Banlieue dans son habitat naturel. Sans se douter que ces enregistrements bruts deviendraient Gueuseries, le premier album du groupe. L’un des plus frais, intenses et excitants de l’année en cours. À l’unisson, elles proclament, ferventes, que la musique a sauvé du néant leur vie, leur conversation, leurs humeurs, leurs corps… Ça compte, la musique.
Sage et cancre à la fois : le trio approche de très près la définition de l’anti-folk, excroissance monstrueuse et ravissante de la musique acoustique américaine du début du siècle. Un folk joué en toute incompétence, mais avec l’entrain, la fougue, le toupet qui compensent. « Nous ne sommes pas anti-folk mais nous sommes anti-cynisme, anti-Éducation Nationale, anti-Elton John, anti-Queen… »
Musicalement, les trois filles de Paris Banlieue ne se sont pourtant pas construites anti, contre, en réaction. Elles étaient pour. Pour la fureur de dire, pour les désirs hormonaux de musique, pour l’approximation, pour l’art brut, pour l’urgence de faire, sans respect des règles. Du coup, toute pauvrette mais jamais négligée par snobisme, la musique de Clara, Léonor et Adèle n’appartient qu’à elles. Comme dans la période déblayée de l&rsqu