Littérature

Pascal, roman –  sur Pascal : Tombeau pour un ordre de Marianne Alphant

Écrivain

Juin 2023 marque le 400e anniversaire de la naissance de Blaise Pascal. À cette occasion, les éditions P.O.L ont eu la merveilleuse idée de rééditer un livre épuisé de Marianne Alphant, Pascal, Tombeau pour un ordre, paru en 1998. Cet essai, magnifique, n’est pas un commentaire de plus sur la philosophie de Pascal, mais la confrontation d’une écrivaine d’aujourd’hui, styliste subtile et superbe, avec un texte qui continue de nous interroger et n’a de cesse de faire rêver au(x) mystère(s) de son auteur.

Il semble qu’on n’en ait jamais fini avec Pascal : peut-être parce que son œuvre elle-même – et en particulier les Pensées – n’est pas formellement finie : œuvre ouverte, en effet, laissée à l’incertitude posthume, comme un défi presque malicieux aux exégètes qui depuis près de quatre siècles proposent un ordre possible au vrac des fragments, hasardant un sens sûr au désordre, de fait, laissé derrière lui par un génie.

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« Une espèce de bazar à propos d’un texte essentiel », écrit ainsi Marianne Alphant, dont le livre, Pascal : Tombeau pour un ordre, publié une première fois en 1998, donne à partager une aventure originale, presque intime, à nouveau explicitée dans sa préface d’aujourd’hui : « Il ne s’agit pas d’écrire sur la philosophie ou la morale de Pascal, mais d’accéder à lui à travers les éditions des Pensées, en reprenant l’histoire d’une œuvre en ruines, mais aussi, et peut-être surtout, en parlant des effets de lecture ainsi produits : effets de discontinuité, de lumière et d’obscurité, d’égarement et de fascination. »

Incertain Pascal, qui semble inviter de la sorte à des relectures infinies, et se révèle plus que jamais notre contemporain, si l’on en croit le nombre de ceux qui continuent de s’en réclamer, ne serait-ce que dans le champ littéraire… Interroge-t-on sur ses goûts un ministre en vue (comment on-dit), qui pourtant préférerait qu’on le voie comme un écrivain ? Il répond placer l’éminent et inaccessible Pascal au-dessus de tous, et même de son cher Proust. Scrute-t-on de près l’œuvre romanesque d’un hyper-contemporain comme Jean-Philippe Toussaint ? On s’aperçoit que de livre en livre, et Marianne Alphant le note en passant, celui-ci est resté fidèle à l’esprit de son premier roman, La salle de bain, maintenant le filigrane discret de Pascal en transparence de ses compositions, romancier attentif au fragmentaire et préoccupé du divertissement : le monde, la mode, le vide des art fairs, la foire aux vanités …. et Dieu ? Chez Toussaint, i


Fabrice Gabriel

Écrivain, Critique littéraire