Cinéma

Les enfants des derniers seront les premiers – sur Le dernier des Juifs de Noé Debré

Philosophe

Ce qui fait toute la pertinence et l’importance sociologique du premier film de Noé Debré, c’est son caractère de non-fiction dans la fiction : la rétroprojection d’une expérience al-andalusienne sur les premières décennies de la vie juive sépharade dans les banlieues françaises est belle et bien une expérience partagée parmi certains juifs sépharades réels.

À Jacques Ehrenfreund, qui m’a fait lire Un champ à Anathoth

Le générique final du film de Noé Debré se superpose aux images d’un concert d’Enrico Macias. Rapidement, alors que les noms défilent à l’écran, on se surprend à murmurer en rythme – J’ai quitté mon pays, j’ai quitté ma maison, ma vie, ma triste vie, se traîne sans raison… – et à pleurer.

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Avant ce film, Enrico Macias avait surtout accompagné des moments joyeux de ma vie, comme ce week-end d’enterrement de vie de garçon, l’année dernière, à Lisbonne. Au petit matin d’une très longue nuit, le futur marié avait donné le signal : Dans toute la ville on m’appelle le mendiant de l’amour. Moi je chante pour ceux qui m’aiment et je serai toujours le même – il chantait crescendo, dans les rues de la ville déserte : Il n’y a pas de honte à être un mendiant de l’amour. Moi je chante sous vos fenêtres chaque jour – et à cette rime-signal, huit voix, dont la mienne, avaient répondu à tue-tête : Donnez, donnez, do-donnez. Donnez, donnez-moi. Donnez, donnez, do-donnez… Souvenir heureux avec Enrico. Souvenir pourtant, qui, maintenant que j’y repense, pourrait pointer vers autre chose.

Mon ami Lounès, le fiancé de cette virée lisboète, doit son prénom à Matoub Lounès ; le grand musicien kabyle assassiné en 1998, dont son père était l’ami et le compagnon d’orchestre. Il y a quelques années, alors qu’on dansait sur la version de Ya Rayah de Rachid Tarah, Lounès m’avait expliqué les paroles de ce tube, me laissant élégamment deviner l’expérience douloureuse que la chanson touchait chez lui. De la même manière, lorsqu’Enrico Macias publiait son autobiographie en 2015, il l’ouvrait par ces lignes : « J’ai plusieurs fois raconté ma vie. Des émissions de télévision, de longues interviews à la radio. Il y a beaucoup de sourires dans ces récits, beaucoup de ciel bleu. […] Mais je n’ai peut-être pas raconté combien cette histoire ne ressemble pas toujours à mon image. Je voudrais vous raconter […] l’envers du ciel bleu. »

Combien sommes-nous à nous laisser entraîner par la cadence de Ya Rayah sans soupçonner l’amertume qui perce de ses paroles ? Et combien sommes-nous à résumer Enrico Macias à la bonhomie des filles de mon pays ?

Alors que viennent, et nombreuses, les œuvres comme celle de Noé Debré qui nous suggèrent d’écouter les paroles derrière les rythmes entraînants, qui nous révèlent les tourments de l’histoire universelle derrière le pittoresque apparent auquel on réduit la vie d’Enrico Macias.

L’idéal d’Al-Andalus

Car Noé Debré, lui, a pris Enrico Macias au sérieux, c’est-à-dire qu’il a fait un film sur cette structure d’idéalisation propre à certains juifs sépharades qu’on retrouve chez Enrico Macias. Cet idéal est un idéal socio-politique de coexistence pacifique. Un idéal dont on trouve le nom en lisant L’envers du ciel bleu : Al-Andalus. Enrico Macias écrit :

« Je viens d’Algérie, de l’Algérie disparue où des religions différentes n’empêchaient pas d’être un même peuple, où des humains différents vivaient sous le même ciel bleu. Je viens d’Algérie et je viens d’Al-Andalus. Oui, je viens d’Algérie et j’ai grandi en me souvenant d’Al-Andalus. Je n’oublierai pas l’Algérie que j’ai quittée en 1961. Je suis né en 1938 et j’ai grandi en apprenant à ne pas oublier Al-Andalus, que nous avons quitté en 1492. Aujourd’hui, les enfants de France apprennent à l’école les noms de l’Andalousie et du philosophe Averroès, ce temps merveilleux de l’histoire où, sur le sol de l’actuelle Espagne, des musulmans, des chrétiens et des juifs cohabitent et partagent. Ils savent que, pendant des siècles, on psalmodie en hébreu dans les mosquées, que des juifs méditent sur le Nouveau Testament, que des chrétiens prient en arabe. Ils se demandent comment l’un peut être l’autre, comment l’on peut si bien circuler d’une langue et d’une foi à l’autre sans sortir l’épée ou le cimeterre. Ils rêvent de ce pays perdu. […] Là-bas et en ce temps-là, un miraculeux équilibre a duré des centaines d’années. Chacun a été libre d’être ce qu’il est, de vivre librement sans enfreindre la liberté de l’autre. Chacun a eu son calendrier sans chercher à l’imposer à l’autre. Si l’un jeûnait, l’autre ne festoyait pas sous son nez ; mais si l’un faisait maigre, il n’imposait pas à l’autre de se serrer la ceinture. […] Les gens de la rue se croisaient en s’adressant des bénédictions dont aucun n’estimait qu’elles le salissaient. »

Que la coexistence pacifique d’Al-Andalus soit un mythe n’a aucune importance ici. Al-Andalus est la forme topique d’un idéal qui s’autorise usuellement d’une expérience réelle, quitte, pour cela, à la mythifier. En réalité, il y a plusieurs lieux d’Al-Andalus. Pour Enrico Macias, la Constantine de son enfance et de sa jeunesse, celle d’avant la guerre d’indépendance, en fut une autre. Al-Andalus n’est ainsi qu’un nom pour dire le regret, ou le regret teinté d’espoir, d’un lieu où la coexistence pacifique est possible, et la coexistence pacifique entre les juifs et les musulmans en particulier. Ce qui nous importe ce n’est pas que l’idéal d’Al-Andalus soit conforme à l’Al-Andalus réelle, c’est que cet idéal d’Al-Andalus soit commun à certains juifs sépharades, de telle sorte qu’il puisse autoriser des jugements partagés sur des situations passées et présentes.

Évidemment, nul besoin d’une unanimité. Enrico Macias est né à Constantine en 1938. Durant ses vingt-cinq premières années algériennes d’avant l’exil, sa vie fut celle d’un musicien de malouf, disciple et gendre du plus grand et du plus célèbre d’entre eux, Cheikh Raymond. Cette position sociale spécifique, à ce moment précis de l’histoire, a permis certains rapports sociaux avec les musulmans et a enclenché certaines représentations sociales générales qui ne sont évidemment pas les mêmes pour tous les juifs sépharades, ni même pour tous les juifs algériens, ou pour tous les juifs de Constantine. Bref, l’idéalisation de l’Algérie d’avant l’indépendance peut devoir beaucoup, en l’occurrence, à un effet de génération – Enrico Macias n’était pas encore né lors du pogrom de Constantine et était trop jeune pour subir massivement les effets de la politique antijuive de Vichy en Algérie – et à un milieu social spécifique. Mais si les juifs algériens n’ont pas tous la même représentation idéalisée de Constantine, Enrico Macias n’est pas non plus le seul juif à se souvenir d’une certaine Algérie comme d’un Al-Andalus. À ce titre, son souvenir a une valeur sociale.

De fait, l’idéal d’Al-Andalus est une catégorie de représentation disponible parmi les juifs sépharades, bien que tous ne l’investissent pas toujours de la même manière pour caractériser l’époque et le lieu où ils ont vécu. Plus le lieu considéré est vaste, plus les conditions sociales des juifs sépharades y furent diverses, moins le consensus est susceptible de se faire sur la caractérisation, au regard de l’idéal d’Al-Andalus, de telle ou telle expérience historique.

Les regrets de l’Al-Andalus du 93

Mais c’est bien une forme de l’idéal d’Al-Andalus qu’on trouve au cœur du film de Noé Debré. Celle qui s’est activée lorsqu’il a fallu se retourner a posteriori, et précisément parce que quelque chose avait changé, sur les décennies de vie des juifs sépharades dans les banlieues françaises après les exils consécutifs aux indépendances du Maghreb. C’est dans cette idéalisation qu’est prise Gisèle, le personnage que joue Agnès Jaoui. Gisèle s’est installée dans une cité HLM du 93, vraisemblablement dans les années soixante-dix – et comme la Constantine d’avant l’indépendance que se remémore Enrico Maccias, Gisèle vit désormais dans le regret d’une Al-Andalus perdue. Car les choses ont bien changé. Au point qu’en 2022 Gisèle et son fils, Ruben Bellisha, que joue Michael Zindel, sont désormais les derniers juifs de la cité.

Le Dernier des Juifs raconte fondamentalement les dynamiques heurtées de la vie à l’intérieur de la structure d’idéalisation d’Al-Andalus, et plus précisément toute la difficulté à accepter qu’Al-Andalus est derrière soi. Gisèle est convaincue que la coexistence pacifique avec les arabes n’est plus possible désormais. Elle le voit, elle le dit, mais elle ne parvient jamais totalement à s’y résoudre. C’est bien ce personnage de Gisèle – de son désir lancinant de partir, à sa résolution affirmée, et jusqu’à son décès final – qui scande ce film. Son fils Bellisha a beau être le personnage principal à l’écran, il est bien second dans la logique même du récit puisqu’il s’est subordonné à l’idéalisation maternelle. Tout son enjeu sera de préserver sa mère, bien aidé en cela par Gisèle elle-même, du deuil définitif de son idéal dans le temps qui lui reste à vivre – car Gisèle est malade. Ce qu’il réussira. Gisèle décédera après avoir fait l’ultime constat qu’après tout, la cité, c’était bien chez eux, et non sans avoir conseillé à son fils de trouver une femme, et pourquoi pas une non-juive, et pourquoi pas une Marocaine… Ce n’est qu’une fois Gisèle morte que Bellisha pourra alors, lui qui n’est pas pris dans l’idéalisation de sa mère, quitter seul cet Al-Andalus englouti ; non sans manquer d’en récupérer un vestige, la première trace originelle : l’état des lieux d’entrée dans l’appartement.

Bien sûr, ce qui fait toute la pertinence et l’importance du film de Noé Debré, c’est son caractère de non-fiction dans la fiction. Autrement dit, c’est le fait que la rétroprojection d’une expérience al-andalusienne sur les premières décennies de la vie juive sépharade dans les banlieues françaises est belle et bien une expérience partagée parmi certains juifs sépharades réels. Je n’ai pas de compétences particulières pour juger de la qualité esthétique, ou cinématographique au sens strict, du film de Noé Debré – je peux simplement dire que selon mes critères du beau, je l’ai trouvé très beau, que je n’ai pas vu le temps passer et que j’ai beaucoup ri – mais je peux juger de sa valeur sociologique : immense. Elle est immense parce qu’à cette première description d’un blocage dans une idéalisation, Noé Debré a su ajouter trois autres descriptions sociologiques non moins importantes.

Tableau de la vie juive en banlieue

D’abord la description, extrêmement précise dans ses formes et juste dans ses contenus, de la vie juive dans les cités après Al-Andalus, autrement dit à l’âge de la coexistence dégradée. Évidemment, l’antisémitisme sature plusieurs scènes : les tags antisionistes visant la porte des Bellisha ; la prégnance d’un antijudaïsme musulman traditionnel à travers l’électricien qui refuse par superstition de passer devant une mezouza et d’entrer chez des juifs ; des traces atténuées d’un antisémitisme islamiste dans des blagues qui valorisent l’assassinat des juifs au regard d’une économie du salut, etc. À l’inverse, Noé Debré a bien vu que la logique de différenciation du juif au sein de la cité reste susceptible d’être ponctuellement résorbée et qu’une solidarité avec le juif peut s’inscrire au regard d’une opposition plus large, en l’occurrence contre une cité voisine dont sont originaires les cambrioleurs des Bellisha.

De la même manière, la mort de Gisèle ouvre la possibilité d’une solidarité judéo-musulmane au regard du deuil. Enfin, entre antisémitisme d’un côté et traces de solidarité de l’autre, le juif Bellisha participe dans sa cité à d’autres formes de sociabilités intermédiaires. Une cordialité taquine avec des jeunes, qui dans le cas d’un adolescent noir semble même ouvrir à la possibilité d’une affinité réelle puisque ce dernier a priori n’aime pas les juifs mais à l’exception, en fait, de tous les juifs réels qu’il connait. Et surtout cette relation clandestine avec Mira, jouée par Eva Huault. Relation ambivalente. Très aimante, assurément : Mira en manifeste plus d’une fois l’intensité, et Bellisha s’y dévoile comme nulle part ailleurs. Mais relation adultère, inscrite sous le sceau de la transgression et qui ne va pas sans une certaine fétichisation du juif.

Ces scènes de description de la vie juive en banlieue sont toutes cantonnées à la cité ou à ses environs immédiats – à une exception près. Une exception qui manifeste qu’en dehors de la cité où des relations demeurent, plus ou moins funestes, dans lesquelles Bellisha s’insère, il est un lieu où le juif a définitivement achevé d’être réifié : la mairie communiste de la ville. Craignant la mauvaise réputation d’une ville vidée de ses juifs, l’adjoint à la maire s’emploiera en effet à obtenir la photo d’un Bellisha, affublé pour l’occasion d’une kippa qu’il ne porte jamais, aux côtés des représentants des autres cultes de la ville ; laquelle photo viendra ensuite trouver sa fonction aux côtés des portraits des prisonniers Palestiniens.

Un juif sépharade et des impasses

Mais le film de Noé Debré ne se contente pas non plus de la description de la vie juive finissante en banlieue. Le souhait de Gisèle de quitter la cité, pour irréaliste qu’il soit, dans tous les sens du terme, n’en déclenche pas moins l’exploration par Bellisha de plusieurs voies de sortie. Toutes sont donc posées comme des prolongements possibles pour les juifs sépharades de banlieue. Le père de Bellisha, à l’apparition fugace, représente et propose à son fils la première : la yeshiva comme porte d’entrée vers un judaïsme orthodoxe d’apparence ashkénaze qui pose bien une sortie du judaïsme sépharade et – la solution est d’ailleurs explicitement désapprouvée par Gisèle – de l’idéal social de coexistence pacifique.

Même condamnation maternelle, sur la base du même abandon de l’idéal de coexistence pacifique qu’elle impliquerait, dans la deuxième solution : Israël via l’armée. Option qui est à peine plus sérieusement envisagée par Bellisha que la yeshiva. Notons au passage que depuis la perspective de l’idéal al-andalusien dans laquelle s’inscrit le film, se trouve peut-être éclairé ici quelque chose de souvent négligé : à savoir qu’en devenant les soldats de Tsahal, certains juifs sépharades ne se battaient pas seulement contre des Arabes, ils attentaient aussi à leur propre idéal de coexistence pacifique. Sans doute une enquête sur les différentes idéalisations qui ont alors pu lui être substituées serait-elle susceptible d’éclairer notre présent le plus urgent.

Quoi qu’il en soit, il ne saurait y avoir, pour Bellisha, ni yeshiva, ni Tsahal. Passent alors d’autres options. La petite communauté vieillissante de la synagogue alsacienne d’Obernai, dans le Bas-Rhin, recherche un hazzan. Tout est prêt. Ne reste qu’à finaliser les ourlets du large costume bicentenaire qu’accompagne quelque chose comme un bicorne impérial. Soit une voie pour s’enterrer vivant… Reste enfin la voie la plus proche. Celle empruntée par le cousin Asher, joué par Solal Bouloudnine : quelques combines et, à l’horizon, le déménagement à Saint-Mandé. Bellisha se met donc dans les pas d’Asher, qui va lui mettre le pied à l’étrier en le faisant embaucher dans son travail du moment : l’arnaque aux pompes à chaleur. Travail provisoire car Asher a plusieurs autres projets et beaucoup d’idées pour s’enrichir.

Bref, Asher lui-même stagne. L’ascension sociale est entravée, parce que la projection d’Asher est bloquée. Ce blocage se devine en considérant le seul domaine dans lequel Asher excelle : lorsqu’il faut s’affirmer face aux arabes. Leur répondre « Je suis juif, il y a un problème ? » avec assez d’assurance pour que, précisément, il n’y en ait pas. Asher sait dire « Je suis juif » avec le ton qu’il faut ; c’est beaucoup mais c’est tout. Et lorsqu’il s’agit d’expliquer à une voisine chinoise un rite funéraire juif – c’est-à-dire non pas seulement d’affirmer « je suis juif », mais de développer ce que ça veut dire « je suis juif » – tout enjeu disparaît, et Asher préfère ne rien dire. Bref, Asher, lui, a su prendre le pli de la situation nouvelle, mais son affirmation juive reste surdéterminée par l’enjeu de la coexistence, toute dégradée qu’elle soit, avec les arabes. Il n’est pas sortie d’Al-Andalus : il veut tenir sa place dans ses ruines. Bellisha, lui, ne remisera pas l’idéal maternel pour l’envers de ce même idéal dans lequel s’enferre son cousin.

Après l’accompagnement de la dés-idéalisation

Lorsque Gisèle décède, toutes les voies auront ainsi été envisagées, explorées pour certaines, puis abandonnées, l’une après l’autre. Bellisha vide alors l’appartement et quitte la cité, laissant derrière lui l’idéalisation maternelle. Mais où ira-t-il ? La première scène du Dernier des Juifs présentait Bellisha de face, conduisant triomphalement le caddie familial. Conquérant, il s’en allait acheter de quoi préparer le repas de shabbat pour lui et Gisèle. La préservation de l’idéalisation maternelle lui donnait des ailes. Maintenant qu’il n’y a plus rien à préserver, la dernière scène nous montre un Bellisha de dos, encombré de sacs et de valises, claudiquant presque vers une destination qui nous restera inconnue.

Et à travers cette dernière scène, je crois que le film de Noé Debré a touché quelque chose de très important dans le judaïsme français contemporain. Peut-être est-ce en partie quelque chose de générationnel, qui pointe à l’horizon, quelque chose vers quoi convergent, depuis des trajectoires très différentes – sépharades, ashkénazes, israélites – nombres de juifs de France. Car le fait est que les derniers des juifs se multiplient. J’ai titré un précédent article consacré à Marcel Wormser, le dernier israélite – ce qui voulait dire le dernier juif républicain.

Les récents Goldmann de Cédric Kahn et d’Ivan Jablonka sont aussi, à leur manière, quelque chose comme des portraits des derniers ashkénazes socialistes. Le dernier des juifs de Noé Debré cache en réalité le portrait de la dernière sépharade al-andalusienne. Et bien sûr, dés-idéalisation par excellence, l’heure est proche où il nous faudra dire adieu au dernier rescapé de la Shoah. Mais tous ces derniers juifs auront été accompagnés par autant d’enfants qui, comme Bellisha, auront pris sur eux d’alléger, autant que possible, la peine des dés-idéalisations soufferts par leurs aînés. Autant d’idéalisations défaites que, forts de ces douloureux exemples, eux-mêmes, souvent, ne partagent plus. Ainsi nous sommes, nous qui venons après les derniers, quelque chose comme les premiers juifs de France. Et je me demande, comme Bellisha, ce que nous allons bien pouvoir devenir.

Le Dernier des Juifs, de Noé Debré, sortie en salles le 24 janvier 2024.


Milo Lévy-Bruhl

Philosophe, Doctorant en philosophie politique à l’EHESS (LIER-FYT / CESRPA)

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