Vélib’ ou la crise de la mobilité douce (1/2)
Les limites de nos démocraties représentatives se révèlent désormais au grand jour, ne serait-ce que quand il s’agit de travailler, dans le menu de nos expériences citoyennes, les controverses auxquelles nous sommes mêlés. Il est temps de prendre part aux arènes et forums, au titre de cette « démocratie dialogique » dont Michel Callon, Pierre Lascoumes et Yannick Barthe avaient souligné l’importance et loué l’émergence. Ainsi est-il nécessaire de prendre part au choix des questions relevant de la décision, et de participer à la composition des assemblées ayant à les traiter.
D’autres auteurs, dans d’autres cercles [1], ont pu montrer combien notre conception de la démocratie était conditionnée par notre acception de la Loi, et par l’idée que nous nous faisons de l’autorité politique, sinon de la puissance publique. À Rome, il y eut les res publicae, les choses appartenant au peuple (poplicus), et la res publica, la chose publique, engageant l’organisation politique. Dans la période qui court de la République à l’Empire, s’effacera cette qualification d’un public délié de l’État, bien que ne relevant pas du domaine privé. Dès lors cette mise sous tutelle ne souffrira pas de remise en cause, sauf à de brefs intervalles (ainsi aux premiers temps de la République, lors de la Révolution française).
Dans ces circonstances de crise de la représentation démocratique, le retour du/des commun(s) revêt une forte signification. Il peut constituer un fil pour comprendre les enjeux des politiques du proche, dont celle de la ville – et au premier chef au regard de la question de la mobilité.
Arrêtons-nous sur cet instant de notre condition métropolitaine, voyant à Paris survenir simultanément le renouvellement chaotique du réseau public Vélib’ (mise à disposition de vélos par abonnements de courte ou longue durées grâce à des équipements situés sur la voirie et les bicyclettes) et l’irruption des flottes dites « libres » de petites reines en apparence sans attaches (fre