Retour à Knysna : foot, mensonges et socio
Ce mois de juin 2018, qui voit se dérouler la Coupe du Monde de football en Russie, marque aussi l’anniversaire des 20 ans de la victoire de l’équipe de France et de la célébration de la France Black Blanc Beur de l’époque. Le sacre des Bleus – la France pour la première fois championne du monde – fut sans doute un moment assez rare, inouï même, de la liesse populaire et de rencontre entre classes sociales dans l’espace public [1]. Le documentaire de France 2 retraçant la journée du 12 juillet 1998 donnait à entendre, via les entretiens avec des supporters des Bleus de tout âge et de toute condition, quelques pépites. Dont celle d’un « Beur » des Vosges qui se rappelait avec une sorte de joie nostalgique cette fameuse journée : « Ah ! C’était festif… ON NE SE MEFIAIT PAS DE « NOUS » (« Nous », c’est-à-dire les jeunes maghrébins comme lui). Cette phrase fait bien comprendre à quel point cette expression de Black, Blanc, Beur a pu revêtir une forte part de vérité.
Or, par pure coïncidence, quelques jours auparavant (le 3 juin 2018), dans un documentaire de Canal plus sur les sélectionneurs des Bleus, Raymond Domenech, le coach du plus grand fiasco de l’équipe nationale – la grève du bus (le « bus de la honte ») à Knysna en 2010 – livre, huit ans après les faits, sa version du contenu exact des paroles, prononcées à la mi-temps par Anelka. Au lieu des insultes de ce dernier (« Va te faire enculer, sale fils de pute ! ») qui ont fait la une de L’Equipe en lui assurant par la même occasion un scoop retentissant (600 000 ventes au lieu de la moitié d’ordinaire), Anelka lui aurait simplement dit : « Tu n’as qu’à la faire, ton équipe de merde ! » [2]. Si ce dernier témoignage de Domenech est exact – les journalistes les plus avertis du sujet expriment en off quelque doute tant ils savent ce personnage « provocateur » et « manipulateur » – le moins que l’on puisse dire est qu’il y a un énorme écart entre les insultes rapportées par L’Equipe et l’expression, just