De l’utilisation opportuniste des rumeurs sur les programmes scolaires
Que les programmes subissent des modifications n’a en soi rien de scandaleux : il est normal qu’on réactualise régulièrement la définition des connaissances à acquérir par les élèves. En revanche, créer de faux débats à partir d’éléments tronqués, entretenir des rumeurs pour justifier une intervention sur les programmes scolaires, cela est profondément malsain.
Or la manière dont a été organisée la publication récente des projets d’ajustements et de clarifications des programmes, et tout particulièrement la partie concernant la grammaire, montre un bel exemple de la façon dont on a exploité la vulnérabilité du grand public, à coup de rumeurs et d’insinuations infondées, afin de servir un dessein politique. Les programmes scolaires actuellement en vigueur ont été publiés en novembre 2015 et appliqués à partir de la rentrée 2016. Élaborés par le Conseil supérieur des programmes (CSP), ils couvrent toute la scolarité obligatoire depuis l’entrée à l’école maternelle jusqu’à la dernière année de collège. Le demande d’« ajustements » et de « clarifications » de la part du ministre intervient donc moins de deux ans après leur entrée en vigueur.
L’enseignement de la grammaire entre héritages et évolution
L’enseignement de la grammaire est un sujet sensible en raison de ses enjeux sociaux. Il s’est structuré principalement au cours du XIXe siècle et porte encore des traces souterraines de cette époque malgré des décennies d’efforts pour l’en débarrasser et surtout le rendre plus efficace. Ainsi les exercices mécaniques et la récitation de règles continuent d’être considérés par certains comme des garants de sérieux. Dans la terminologie grammaticale il subsiste des scories telle la dénomination « complément d’objet direct » qu’on emploie sans bien la comprendre, issue d’un compromis qui devait être acceptable par ceux qui nommaient cette fonction « complément » et ceux qui l’appelaient « objet ». Et plus grave encore, l’idée demeure qu’apprendre à mettre une étiq