Pour des programmes de sciences économiques et sociales pluralistes
Dans le cadre de la réforme du lycée qui sera mise en place à la rentrée 2019 pour les classes de seconde et de première, de nouveaux programmes sont en cours d’élaboration pour les sciences économiques et sociales (SES), discipline présente au lycée dès la seconde, et qui fera l’objet d’un enseignement de spécialité dans le nouveau lycée modulaire. Comme chaque fois qu’il est question de l’enseignement de l’économie au lycée – qui est une des composantes des SES, aux côtés d’autres sciences sociales comme la sociologie, l’anthropologie ou la science politique – , des conceptions opposées s’affrontent. D’un côté, les partisans d’une séparation disciplinaire nette entre l’économie et les autres sciences sociales, avec une insistance prononcée sur les mécanismes microéconomiques appliqués à l’étude de l’entreprise et du marché stylisés (position défendue, pour des motifs divers, par des acteurs multiples comme certains représentants du champ académique, des corps d’inspection mais aussi de lobbys patronaux). De l’autre, ceux qui souhaitent que les programmes de SES reflètent davantage le pluralisme des sciences sociales en général et donc également la diversité des approches en économie (position majoritaire chez les enseignants de SES mais également défendue par une partie du champ académique).

Or, alors que les programmes de SES actuels, qui datent de 2010, ont déjà été marqués par un recul dommageable du pluralisme, les choix opérés par le Conseil supérieur des programmes pour la composition du groupe d’élaboration des projets de nouveaux programmes de SES, ainsi qu’une déclaration récente du ministre de l’Education nationale, font craindre un nouveau recul.
Deux lobbyistes et un ministre
Ce groupe d’élaboration des programmes comprend des enseignant.e.s de lycée, des représentants de l’inspection et des universitaires, économistes, sociologues et politistes. Si le choix du président du groupe, Philippe Aghion, professeur d’économie à Havard et titulaire de la cha