Quand l’écologie tient lieu de communication politique – l’exemple des transports
Vous avez suffoqué cet été ? Il va falloir vous y habituer. C’est en substance l’alerte lancée par de nombreux spécialistes du climat. L’Organisation météorologique mondiale (OMM, agence spécialisée de l’ONU) rappelait déjà l’an dernier que les années 2015, 2016 et 2017 avaient été les trois années les plus chaudes jamais enregistrées. L’année 2018 s’inscrit pleinement dans cette continuité. La moitié de l’hémisphère Nord a été frappée par la canicule. En juillet, à la suite d’un record de chaleur, une partie du Groenland a été touchée par des incendies ; au Japon, les records de températures ont entraîné la mort d’au moins 100 personnes et conduit à l’hospitalisation de 35 000 autres ; des dizaines d’incendies ont ravagé la Grèce, tuant au moins 93 personnes ; la Suède, qui a connu son mois de juillet le plus chaud depuis 260 ans, a perdu plus de 25 000 hectares de forêt à la suite d’incendies. Et la liste dressée ici n’est nullement exhaustive.

Ces vagues de chaleur sont amenées à s’étendre et à s’amplifier. Selon Jean Jouzel, ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « à l’échelle d’une dizaine d’années, elles pourraient arriver à 45 degrés. Et si le réchauffement climatique n’était pas maîtrisé, on pourrait aller au-delà de 50 voire 55 degrés dans certaines régions de l’Hexagone, dès la deuxième moitié de ce siècle ». Et d’ajouter : « en Europe, si rien n’est fait pour lutter contre le réchauffement climatique, […] il risque d’y avoir d’ici la deuxième moitié du siècle, 50 fois plus de décès liés aux catastrophes climatiques qu’actuellement. Aujourd’hui, on déplore 3 000 décès par an, on risque d’avoir 150 000 décès par an, en Europe, liés essentiellement aux périodes de canicule » [1].
Et encore ne faut-il pas se cantonner aux décès climatiques. Dans cette comptabilité macabre, il convient d’ajouter aussi ceux liés à la pollution atmosphérique. En 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait à 7