En Europe, réveillons les voix de la conscience
Ce ne sont pas les migrations, phénomène éternel et totalement naturel, qui troublent le plus la sérénité de l’Europe. Les crimes historiques des nations coloniales et le cynisme politique international aggravent au dernier degré l’exode des peuples des pays soumis au pillage. Les forces politiques occidentales se livrent ainsi à la concurrence devant des dictateurs aux yeux desquels perdre des millions de leurs compatriotes ne pose aucun problème. Le commerce du pétrole et des armes, les deux piliers du bien-être occidental, contribue encore davantage à ce que des régimes avides de souffrance humaine restent en place. Les migrations ne sont que l’un des symptômes du manque de caractère moral dont on discerne par ailleurs tant d’autres manifestations.

Quant aux phénomènes qui caractérisent toute l’Union européenne – instabilité morale, chaos des idéologies, psychose de l’emprise de l’instant, effondrement de la langue commune et des acquis intellectuels, incapacité à se regarder en face et à se renouveler –, j’en attribue la responsabilité à la politique hasardeuse, à l’intelligentsia opportuniste et, en fin de compte, au vaniteux bourgeois européen repu gâté, quelle que soit son appartenance politique.
Plusieurs lignes de fracture apparaissent à la fois, le long desquelles se disloque encore et toujours un peu plus le collectif. Libéral ou nationaliste, jeune ou vieux, riche ou pauvre : de mille manières, les clivages nous fractionnent tous azimuts. Nous voilà méfiants, de plus en plus méfiants envers nous-mêmes et nos dirigeants. Nous tolérons difficilement les erreurs, car nous décelons de moins en moins de signes d’auto-restriction.
Le plus efficace antidote à la méfiance politique se nomme, en général, la démagogie. Voilà qu’apparaît un dirigeant résolu qui affirme qu’il voit clairement le problème et promet de le résoudre. Il abreuve les gens de messages où des responsables sont pointés du doigt, avec promesse de les punir. Sous couvert d’intérêts nationaux