Société

Restaurer la confiance dans les médias, pour sauver la démocratie

PROFESSEUR DE PSYCHOLOGIE, Juriste, Femme Politique

La défiance vis-à-vis des médias, mesurée enquête après enquête, ouvre une nouvelle ère du soupçon où prospère le complotisme et menace la démocratie. Un sursaut est nécessaire. Il est urgent d’agir pour éviter l’enlisement, de sombrer collectivement dans un cercle vicieux où la défiance nourrit l’ignorance, l’ignorance nourrit le rejet, et le rejet aboutit à la désignation de boucs émissaires. Assumons de dire que oui, nos démocraties sont malades, mais que non, nous ne nous en sortirons pas en nous contentons de blâmer puis lyncher les élites.

Régulièrement, de nouveaux chiffres choc, ou de nouvelles polémiques nous donnent l’occasion de constater la profondeur du fossé qui se creuse entre le « peuple » et les « élites », notamment les responsables politiques et les médias. Nous déplorons alors à l’unisson cette défiance qui fracture la démocratie, nous nous lamentons sur notre sort de démocrates incompris, nous promettons d’agir avec intégrité, de « dire la vérité », nous nous épuisons en « pédagogie » et en  fact-checking … pour un résultat, il faut le dire, pour le moins contrasté.

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La dernière étude IPSOS menée dans 26 pays vient illustrer, s’il le fallait encore, l’ampleur du malaise démocratique. Elle apporte cependant quelques informations qui invitent à l’optimisme. Certes, de manière générale, les « médias » font l’objet d’une défiance très forte dans la plupart des pays. Mais le degré de confiance accordé par nos concitoyens à leurs sources d’information varie selon la catégorie de média : la télévision et la radio bénéficient d’une « confiance nette » faible, mais positive, voire très positive en Allemagne, en Grande-Bretagne ou au Canada. Les journaux et magazines s’en sortent relativement bien aussi, et bénéficient même dans certains pays comme le Brésil ou l’Allemagne d’une confiance nette positive. En revanche, les sites d’information et plateformes internet font l’objet d’une défiance plus grande, notamment en Pologne, en Espagne ou en France.

Nous sommes bien entrés dans l’ère du soupçon, mais un soupçon différencié selon les émetteurs et les sources d’information. Sans doute sensibilisés par les débats nombreux qui ont porté sur le sujet, notamment depuis l’irruption de l’expression fake news dans le vocabulaire global autour de l’année 2016 et de la campagne de Donald Trump, les citoyens font le tri, ou du moins tentent de le faire, entre la « bonne » information, et la « mauvaise ». Cependant, cette prise de conscience reste imparfaite, et tout porte à croire que les citoyens


Grégoire Borst

PROFESSEUR DE PSYCHOLOGIE, Directeur du Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’éducation de l’enfant (CNRS)

Najat Vallaud-Belkacem

Juriste, Femme Politique , directrice affaires publiques internationales Ipsos